
«Heureusement, l’indépendance a nettoyé cette terre de la présence juive ! Ces mots, prononcés par Abderrazak Makri, résonnent comme un écho inquiétant au cœur de l’Algérie actuelle. C’était en juin dernier, près d’Alger, lors d’une conférence de presse où Makri, ancien chef du principal parti islamiste algérien et actuel président d’un “Forum mondial islamique pour la pensée et la civilisation”, s’est livré à une diatribe d’une intensité préoccupante. Les propos insidieux du leader islamiste ne ciblent pas uniquement l’État d’Israël ou son Premier ministre Benjamin Netanyahou, mais bien l’ensemble de la communauté juive.
EN BREF
- Abderrazak Makri a tenu des propos clairement antisémite lors d’une conférence, suscitant l’indignation.
- Ces discours de haine ont été largement diffusés sur les réseaux sociaux avant d’être retirés.
- Le climat en Algérie soulève des préoccupations sur l’intolérance et la radicalisation.
Le discours de Makri, largement partagé sur les plateformes numériques, est emprunt de vengeance et d’une rhétorique violente. Parlant d’une flottille de 2010 à laquelle il a participé, il déclare avec fierté : « Nous [les islamistes, NDLR] avons financé le navire européen qui transportait des militants occidentaux. » Cette déclaration illustre non seulement son point de vue sur l’embargo maritime imposé à Gaza, mais également son engagement dans un discours qui glorifie l’hostilité à l’égard de l’autre.
Les discours de haine comme celui-ci ne surgissent pas de nulle part. Ils s’inscrivent dans une tendance plus large observée dans plusieurs parties du monde, où la montée des populismes et l’exacerbation des tensions culturelles ouvrent la voie à des idées dangereuses et dévastatrices. En Algérie, la tension est palpable et les propos de Makri symbolisent un poison qui peut facilement affecter la société.
Le contexte algérien est marqué par une transition politique complexe et un besoin croissant de se réinventer. Avec un passé colonial qui pèse encore lourd et des défis socio-économiques exacerbants, la population cherche des repères. Toutefois, ce type de déclaration ne peut qu’aggraver les fractures identitaires et communautaires, minant les progrès accomplis depuis l’indépendance.
Il est essentiel de dénoncer ces discours avant qu’ils ne prennent racine. Alors que la communauté internationale s’efforce de lutter contre l’antisémitisme et toutes les formes de discriminations, il apparaît nécessaire que des voix à l’intérieur même des sociétés concernées s’élèvent. Comment expliquer que des leaders influents légitiment la haine ? Quelle responsabilité portent-ils dans la diffusion de telles idées ?
En outre, la suppression de la vidéo où Makri profère ces propos soulève des questions sur la liberté d’expression et ce que l’on considère comme un discours inacceptable. Dans un monde interconnecté, où toute déclaration peut rapidement devenir virale, il incombe à chacun d’entre nous de réfléchir à l’impact de nos mots.
Dans ce climat de tension, des voix s’élèvent également pour appeler à l’apaisement et à la compréhension. Au cœur de cette tourmente, existe-t-il des solutions viables pour rétablir le dialogue entre communautés ? L’éducation, la sensibilisation et la promotion de la tolérance semblent être des pistes à explorer pour contrer cette spirale de la haine.
Les mots de Makri ne devraient pas se réduire à de simples échos dans les salles de conférence. Ils doivent nous alerter sur la fragilité de la cohésion sociale dans le pays. Écouter, en débattre et agir devient alors une nécessité pour bâtir une société respectueuse des différences et des valeurs humaines fondamentales.