
C’est un tournant majeur qui s’est joué ce jeudi 9 octobre. Après deux ans de guerre, un accord inattendu entre Israël et le Hamas pourrait enfin ouvrir la voie à la paix. Dans un entretien accordé à une télévision israélienne, le président palestinien Mahmoud Abbas a qualifié ce moment d'”historique” et a exprimé son souhait de voir s’installer la paix, la sécurité et la stabilité dans la région.
EN BREF
- Un cessez-le-feu a été officialisé entre Israël et le Hamas.
- La libération des otages, point clé de l’accord, sera effective dans les 72 heures suivant le cessez-le-feu.
- La communauté internationale s’active pour assurer la paix et le soutien humanitaire à Gaza.
Ce vendredi 10 octobre, le gouvernement de Benyamin Netanyahou a approuvé l’accord conclu avec le Hamas, en grande partie sous la pression de l’administration Trump, qui s’est engagée à mettre un terme à la guerre dévastatrice touchant le territoire palestinien depuis presque deux ans. Quelques heures plus tard, l’armée israélienne a annoncé l’entrée en vigueur à 11h d’un cessez-le-feu, rendant ce cadre désormais opérationnel.
Prochaines étapes immédiates : retrait des troupes et libération des otages
Dès ce vendredi au petit matin, l’armée israélienne a commencé à se retirer de plusieurs zones de la ville de Gaza, a annoncé un responsable de la Défense civile du territoire palestinien. Toutefois, Tsahal conservera le contrôle de 53% du territoire. Selon Shosh Bedrosian, porte-parole du bureau du Premier ministre, certaines zones restent extrêmement dangereuses, et les troupes continueront d’éliminer toute menace immédiate.
Le volet de la libération des otages est sans doute celui qui attise le plus de tensions. Au plus tard dans les 72 heures suivant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, “tous nos otages, vivants et décédés, seront libérés”, a précisé la porte-parole israélienne. Parmi les 251 personnes enlevées par le Hamas le 7 octobre 2023, 47 sont toujours retenues, dont au moins 25 sont décédées. Donald Trump a indiqué que certains corps pourraient être “un peu difficiles à trouver”.
Le chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar, a exprimé l’espoir que cette libération “devrait mettre fin à la guerre”, tandis que le négociateur en chef du Hamas, Khalil al-Hayya, a déclaré avoir reçu des assurances des médiateurs sur la cessation des hostilités. Pour les familles des otages, ces jours à venir s’annoncent décisifs, marquant la fin d’un long et douloureux traumatisme.
Donald Trump attendu au Moyen-Orient
Les négociations pour la seconde phase du plan visant le désarmement du Hamas devraient débuter immédiatement. Le président Trump a souligné l’importance de cette phase, même si aucune échéance précise n’a été communiquée. Ce processus sera observé par la communauté internationale, qui s’inquiète de la stabilité du territoire et de la prévention d’une nouvelle escalade de la violence.
Pour symboliser cet accord de première phase, Trump a annoncé son déplacement au Moyen-Orient dès dimanche. “Les otages rentreront lundi ou mardi. Je serai probablement là, et j’espère être là”, a-t-il déclaré depuis la Maison-Blanche. L’envoyé américain, Steve Witkoff, a confirmé que Trump se rendrait en Égypte sur invitation du président Abdel Fattah al-Sissi pour assister à la signature officielle de l’accord.
Pour garantir le cessez-le-feu, l’armée américaine en supervision
Pour assurer le respect de l’accord, 200 militaires américains seront déployés dans une mission de supervision. Il ne s’agit pas d’un déploiement à Gaza, mais d’une aide pour garantir qu’il n’y ait pas de violations ou d’incursions, a précisé un haut responsable américain. L’amiral Brad Cooper, à la tête du Centcom pour le Moyen-Orient, dirigera cette équipe qui collaborera avec des représentants égyptiens, qataris, turcs et sans doute émiratis.
Cette présence militaire vise à rassurer les pays arabes et à montrer l’engagement fort des États-Unis. Les Israéliens resteront en contact constant avec cette équipe, qui jouera un rôle clé dans la stabilisation du cessez-le-feu tout en préparant les négociations pour la seconde étape du plan de Trump.
Quant à la Turquie, elle a rapidement exprime son souhait de participer à un groupe chargé de surveiller la mise en œuvre de l’accord. Le président Recep Tayyip Erdogan a déclaré : “Nous souhaitons que la Turquie participe aux efforts de reconstruction et à la surveillance,” alors que l’armée turque est prête à assumer toute mission. Ankara désire également contribuer à la reconstruction des infrastructures à Gaza, en coordination avec la communauté internationale.
L’Europe prête à s’investir pour la paix
Les pays de l’Union européenne, ainsi que les États membres, se montrent disposés à jouer un rôle actif dans l’après-guerre. Le président français Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité de conserver l’unité de Gaza et de la Cisjordanie sous l’autorité palestinienne pour ne pas compromettre la perspective d’un État palestinien. L’Allemagne et d’autres pays européens sont prêts à fournir une aide humanitaire et médicale rapide, ainsi que de soutenir la reconstruction par le biais d’une conférence internationale.
“L’objectif est de répondre aux besoins les plus urgents, comme l’accès à l’eau, à l’énergie et aux soins médicaux”, a déclaré vendredi Friedrich Merz, soulignant l’urgence d’une mise en œuvre rapide pour que les otages retrouvent leurs familles et que l’aide parvienne à la population. L’UE envisage également de contribuer à la formation et à l’équipement des forces de sécurité palestiniennes, dans un cadre international de transition.
Les ambitions de l’ONU
De son côté, l’ONU a déjà un plan de 60 jours prêt à être déployé dès le début du cessez-le-feu. L’organisation prévoit de fournir 170 000 tonnes d’aide humanitaire, des services d’assainissement, des soins médicaux et un soutien psychologique pour des centaines de milliers de personnes, tout en rétablissant l’éducation pour 700 000 enfants.
Tom Fletcher, chef des opérations humanitaires de l’ONU, a souligné l’urgence de la situation : “La famine doit être renversée là où elle s’est installée et évitée dans les autres zones”.