
Ce jeudi, Husamettin Dogan, l’unique accusé ayant fait appel dans le procès des viols de Mazan, a été condamné à dix ans de prison. Bien que le ministère public ait requis une peine de douze ans, le tribunal a décidé d’alourdir sa peine initiale, qui était de neuf ans, d’une année supplémentaire. Cet homme de 44 ans, dont le parcours socioprofessionnel a été tumultueux, représente un des cas les plus marquants d’une affaire qui a suscité l’indignation.
EN BREF
- Husamettin Dogan condamné à dix ans pour des viols aggravés.
- Les peines des autres condamnés vont de trois à vingt ans de prison.
- Le procès soulève des questions cruciales sur le consentement et la violence faite aux femmes.
Dans cette affaire, le principal accusé, Dominique Pelicot, a lui écopé de vingt ans de prison. Parmi les autres condamnés, qui sont au nombre de quarante-neuf, les peines varient entre trois ans, dont deux avec sursis, à quinze ans pour un homme qui a été plusieurs fois au domicile du couple à Mazan (Vaucluse). C’est dans ce cadre que Dominique Pelicot a drogué une femme, désormais symbole de la lutte contre les violences sexuelles, avant de la livrer à des inconnus recrutés sur Internet.
« Une victime endormie, on n’y touche pas »
Lors des plaidoiries, Antoine Camus, l’un des avocats de Gisèle Pelicot, a tenu des propos forts en affirmant : « La peine est à revoir. Une victime endormie, on n’y touche pas. » À ses yeux, ce verdict devait envoyer un message clair : en France, les droits de l’homme incluent ceux des femmes. Il a appuyé sur le fait qu’un acte sexuel imposé à une personne inconsciente est un viol.
La cour criminelle de Vaucluse, composée de juges professionnels, a été remplacée par un jury populaire pour ce procès. Ce jury a été composé de cinq hommes et de quatre femmes, assistés par trois magistrats. Cela a donné une dimension particulière à cette affaire, notamment dans le cadre d’une demande publique d’égalité des droits.
Le réquisitoire de l’avocat général, Dominique Sié, a été très apprécié, faisant résonner lors du procès l’idée que le verdict devait constituer « un testament pour les générations futures » et rendre « une part de son humanité volée à Gisèle Pelicot ». Cette résonance a été renforcée par les mots de Gisèle Pelicot, qui a demandé à toutes les victimes de ne jamais avoir honte de ce qu’elles ont subi.
Depuis son arrestation en 2021, Husamettin Dogan a clamé qu’il n’a jamais eu l’intention de violer Gisèle Pelicot, affirmant qu’il pensait participer à un jeu consenti. Une de ses avocates, Sylvie Menvielle, a tenté de défendre sa ligne avec une question directe : « Vous aviez conscience de commettre un viol ? » Dogan a répondu qu’il aurait agi en pleine connaissance de sa moralité si on lui avait demandé explicitement de violer quelqu’un.
Ses avocats ont diffusé des photos d’une femme ressemblant à Gisèle Pelicot en train d’avoir des relations sexuelles avec plusieurs hommes, suggérant que ces images avaient pu induire en erreur Dogan, le faisant penser qu’il était invité à participer à une soirée libertine. Cependant, cette défense a été balayée l’an passé par la cour criminelle, qui a affirmé que chaque acteur de cette tragédie était apte à comprendre la situation dans laquelle il se trouvait.
Le procès et ses conséquences doivent être pris en compte non seulement pour rendre justice aux victimes, mais aussi pour souligner la nécessité d’une éducation sur le consentement et la violence à l’égard des femmes. Alors que la phrase clé « À quel moment je vous ai donné le consentement ? Jamais ! » résonne à nouveau dans les esprits, il est essentiel de renforcer la sensibilisation autour des violences sexuelles. Les verdicts de cette affaire marquent un tournant, témoignant des efforts de la société pour affronter cette réalité avec toute la rigueur qu’elle mérite.