Les influenceurs, habitués à recevoir des cadeaux et à partager leur mode de vie sur les réseaux sociaux, se retrouvent désormais dans le viseur des autorités fiscales allemandes. Effectivement, un vent de changement souffle en Allemagne, où une vaste opération de lutte contre la fraude s’instaure spécialement à l’encontre de ces nouveaux acteurs économiques. Le pays entend ainsi s’assurer que les revenus générés par ces influenceurs respectent la législation fiscale en vigueur.
EN BREF
- La Rhénanie-du-Nord-Westphalie cible les influenceurs suspects de fraude fiscale.
- Des milliers de contenus sont analysés pour identifier les revenus non déclarés.
- Les autorités estiment que des revenus issus de la publicité en ligne ne sont pas toujours déclarés.
Dans le detail, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le Land le plus peuplé d’Allemagne, a mis en place, depuis juillet, une unité spécialisée. Cette brigade fiscale se consacre à traquer les influenceurs qui pourraient échapper aux obligations fiscales. Le processus est minutieux : les enquêteurs scrutent des milliers de publications sur les réseaux sociaux pour déceler les revenus cachés issus de placements de produits ou de commissions sur les ventes.
Sur TikTok, Instagram et Twitch, les activités commerciales des influenceurs se multiplient. Selon l’Association allemande de l’économie numérique, les investissements dans le marketing d’influence ont plus que doublé, passant de 223 millions d’euros en 2019 à 477 millions en 2022. Cette croissance rapide soulève des questions légitimes quant à la bonne gestion fiscale de ces empires en pleine expansion.
Certains jeunes créateurs, propulsés sur le devant de la scène grâce à des vidéos virales, justifient leurs manquements par une inexpérience douloureuse. « Je fais ça depuis deux ou trois ans, mais je n’avais jamais pensé aux impôts », confie l’un d’eux à Christian Gebert, directeur d’un cabinet de conseil fiscal. Cet exemple souligne l’importance d’une éducation fiscale adaptée aux réalités de l’économie numérique.
Toutefois, il est essentiel de nuancer cette situation. Si une partie des influenceurs peut justifier ses oublis, d’autres cas relèvent clairement de la fraude. Des revenus intentionnellement sous-déclarés aux domiciliations fictives à l’étranger, cette fraude fiscale prend diverses formes. La Rhénanie-du-Nord-Westphalie concentre ses efforts sur ces actes délictueux, visant particulièrement les gros dossiers susceptibles de compromettre l’équité fiscale.
Complexité des Réglementations Fiscales
Les défis posés par la fiscalité liée à l’influence sont multiples. Les revenus des créateurs proviennent de sources variées, comme les partenariats commerciaux ou les compensations en nature, tels que des voyages all-expenses-paid. Cette diversité complique le panorama fiscal, car tous ces revenus sont imposables, soumis à l’impôt sur le revenu, à la TVA et à d’autres taxes.
Alex Schön, dirigeant d’une agence d’accompagnement pour jeunes créateurs, fait part de ses préoccupations sur la complexité des réglementations. « Les autorités doivent simplifier des règles bien trop complexes », clame-t-il, plaidant pour une meilleure compréhension des obligations fiscales au sein de cette nouvelle génération. Il est impératif d’accompagner ces créateurs pour qu’ils s’en sortent dans le maquis de la réglementation allemande.
À l’heure où les influenceurs se diversifient et se professionnalisent, la responsabilité pesant sur leurs épaules s’accroît. Dans ce paysage en constante évolution, la réglementation fiscale devra non seulement s’adapter, mais également éduquer ses nouveaux acteurs. La bataille contre la fraude ne fait que commencer, et la montée en puissance de ce phénomène pourrait bien redéfinir les contours de l’économie numérique en Allemagne.