Ce traitement contre le cancer du sein agit comme un frein sur les cellules cancéreuses. Même s’il demande de la patience et de la rigueur, ses bénéfices surpassent largement les contraintes, assure le Dr Éric Sebban, chirurgien cancérologue spécialiste du cancer du sein. Cet article vous propose un éclairage sur l’hormonothérapie, une approche thérapeutique clé dans la lutte contre ce type de cancer.
EN BREF
- Plus de 70 % des cancers du sein sont hormonodépendants.
- L’hormonothérapie vise à bloquer les effets des hormones sur les cellules cancéreuses.
- Des traitements spécifiques existent selon le statut ménopausique de chaque patiente.
L’hormonothérapie est un traitement médicamenteux utilisé pour certains cancers du sein dits hormonodépendants, dont la croissance est stimulée par des hormones féminines, principalement les œstrogènes et, dans une moindre mesure, la progestérone.
Le principal objectif de l’hormonothérapie est de bloquer l’action de ces hormones sur les cellules cancéreuses. Cela permet de ralentir ou d’empêcher leur développement. Selon le Dr Sebban, « lorsqu’il est associé à une chirurgie d’exérèse de la tumeur (tumorectomie), ce traitement peut parfois suffire à lui seul lorsque le cancer est détecté à un stade précoce. »
Une arme thérapeutique majeure contre le cancer hormonodépendant
Environ 70 % des cancers du sein sont hormonodépendants, ce qui fait de l’hormonothérapie une arme thérapeutique majeure. Le Dr Sébban souligne que « ces cancers répondent généralement mieux aux traitements que les cancers à récepteurs négatifs, avec un pronostic plus favorable et, dans certains cas, des traitements moins lourds. »
Comment agit l’hormonothérapie?
Les cancers du sein hormonodépendants possèdent des récepteurs pour l’œstrogène (ER +), la progestérone (PR +), ou les deux. Lorsque ces hormones se fixent sur leurs récepteurs, elles stimulent la croissance des cellules cancéreuses. L’hormonothérapie bloque ce lien en :
- soit en bloquant ou détruisant/dégradant les récepteurs hormonaux,
- soit en supprimant la production d’hormones dans l’organisme.
Privées de leur « nourriture », les cellules cancéreuses cessent de se multiplier et finissent par mourir. Ce mécanisme permet ainsi de diminuer le risque de réapparition du cancer et d’améliorer la survie globale des patientes.
Quels sont les traitements prescrits?
Le choix du traitement hormonal dépend du statut ménopausique de la patiente. En effet, la production d’œstrogènes n’a pas la même origine avant et après la ménopause. Chez une femme non ménopausée, les ovaires sont la principale source d’œstrogènes, tandis que chez une femme ménopausée, ces hormones sont produites en petite quantité par les tissus périphériques grâce à une enzyme appelée aromatase.
Chez la femme non ménopausée : les antiœstrogènes
Le médecin peut prescrire deux types de médicaments :
- Les modulateurs sélectifs des récepteurs aux œstrogènes (SERM), comme le tamoxifène ou le torémifène, qui bloquent l’activation des récepteurs aux œstrogènes. Le tamoxifène est souvent administré pendant 5 à 10 ans après les traitements initiaux.
- Les analogues de la LH-RH, tels que la goséréline ou la leuproréline. Ces médicaments provoquent une ménopause réversible, mettant ainsi les ovaires « au repos ». Ils sont souvent associés au tamoxifène chez les femmes jeunes à risque élevé de rechute.
Chez la femme ménopausée : anti-aromatase
Chez la femme ménopausée, les médecins prescrivent souvent des inhibiteurs de l’aromatase comme l’anastrozole ou le létrozole. Ces médicaments, pris sous forme de comprimés pendant environ 5 ans, inhibent l’enzyme aromatase, responsables de la transformation des androgènes en œstrogènes.
Dans les formes avancées
Dans les formes métastatiques, le médecin peut prescrire un antiœstrogène pur (SERD) comme le fulvestrant, qui dégrade les récepteurs aux œstrogènes sur les cellules cancéreuses. Ce traitement est souvent associé à un traitement ciblé pour les cancers localement avancés.
Quand prendre ce traitement hormonal?
L’hormonothérapie peut intervenir à plusieurs étapes du traitement du cancer du sein :
- En traitement d’un cancer débutant : Une hormonothérapie préventive peut être proposée après un carcinome canalaire in situ.
- En traitement adjuvant : Il s’agit de la principale indication, visant à détruire les cellules cancéreuses résiduelles.
- En traitement néoadjuvant : Elle peut réduire la taille de la tumeur avant la chirurgie.
- En traitement métastatique ou palliatif : Elle permet de ralentir la progression et d’améliorer la qualité de vie.
Quels sont les effets secondaires?
L’hormonothérapie n’est pas un traitement anodin. En bloquant l’action des hormones féminines, elle induit un état de carence hormonale comparable à une ménopause. Les effets varient selon les médicaments, mais certains sont fréquents :
- Bouffées de chaleur
- Sécheresse vaginale
- Baisse de libido
- Fatigue
- Douleurs articulaires
- Modifications du transit
Quels sont les bénéfices de l’hormonothérapie?
Malgré ces effets secondaires, l’hormonothérapie reste l’un des traitements les plus efficaces contre le cancer du sein hormonodépendant.
Amélioration du pronostic
Les études montrent qu’elle augmente significativement la survie des patientes atteintes de cancer à récepteurs hormonaux positifs, réduisant de près d’un tiers la mortalité spécifique liée au cancer.
Prévention
L’hormonothérapie permet également de prévenir l’apparition d’un nouveau cancer dans le sein non atteint, avec des effets protecteurs qui se maintiennent plusieurs années après la fin du traitement.
En somme, l’hormonothérapie représente un pilier fondamental dans la lutte contre le cancer du sein hormonodépendant. Grâce à son efficacité, elle offre aux patientes des chances réelles d’amélioration et de survie, malgré les défis que pose le traitement.