Bertrand Delanoë : l’agression sanglante en dehors d’un salon dévoilée

  • décembre 12, 2025
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En 2002, Paris ouvrait les portes de la première édition de la Nuit Blanche, un événement artistique nocturne célébré par des milliers de personnes. Toutefois, cette soirée qui aurait dû incarner la fête et la culture a été tragiquement marquée par un drame : le maire de la ville, Bertrand Delanoë, a été poignardé en pleine nuit au cœur de l’Hôtel de Ville. Ce geste violent, motivé par une profonde homophobie, a laissé la classe politique et les citoyens sans voix. Vingt-trois ans plus tard, Delanoë se confie sur cet épisode marquant dans le documentaire Homos en politique, le dire ou pas ?, diffusé sur France 5 le 28 octobre prochain.

EN BREF

  • En 2002, Bertrand Delanoë a été agressé au couteau lors de la Nuit Blanche, un événement artistique à Paris.
  • Il évoque les traumatismes de cette agression dans le documentaire Homos en politique.
  • Delanoë déplore que son agresseur n’ait jamais été jugé et souligne l’importance de la lutte contre l’homophobie.

Au fil des années, cet incident est resté gravé dans la mémoire de Bertrand Delanoë, désormais âgé de 72 ans. Dans le documentaire, il se remémore cette nuit du 5 octobre 2002 avec précision et émotion, partageant des souvenirs qui semblent encore vifs pour lui. À cette époque, il avait déjà admis son homosexualité, un acte courageux pour un homme politique à l’image publique forte. Il décrit comment, après une longue soirée parisienne, il sortait tout juste d’un salon de l’Hôtel de Ville lorsque l’attaque a eu lieu. « Au sortir de l’un des salons, dans l’obscurité, quelqu’un se précipite sur moi et me donne des coups de couteau, » rappelle-t-il.

Une attaque homophobe d’une extrême violence, un choc pour le maire de Paris

Le choc de cette agression a été immense. Touché au ventre, Delanoë a immédiatement été pris en charge et transféré à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, où il a subi une opération d’urgence. Son agresseur, un homme de 39 ans, a été rapidement maîtrisé et en garde à vue, il aurait déclaré « découvrir une haine profonde pour les hommes politiques et, en particulier, pour les homosexuels. » Ces mots révèlent l’intensité des préjugés et des violences qui peuvent être dirigés contre les personnes en raison de leur orientation sexuelle.

Bertrand Delanoë évoque sa vie après son agression : ‘il savait ce qu’il faisait’

Avec le temps, Bertrand Delanoë a souvent souligné sa chance d’avoir survécu à cet événement. « Moi d’abord, je m’en sors. Et je m’en sors sans séquelle, » affirme-t-il, conscient d’avoir échappé au pire. Cependant, il élargit sa réflexion de manière poignante : « Pensez aux jeunes homosexuels qui se font attraper dans des jardins, tabassés et laissés pour morts. » Il rappelle ainsi que tous ne survivent pas à de telles violences, une réalité tragique qui frappe encore de nombreux membres de la communauté LGBTQ+.

Un des regrets profonds de Delanoë concerne la justice. En effet, son agresseur n’a jamais été jugé. Déclaré pénalement irresponsable par un collège d’experts, cette décision laisse un goût amer à l’ancien maire, qui n’a jamais entièrement accepté cette situation : « Il était peut-être dérangé, mais enfin, il savait ce qu’il faisait, » estime-t-il en évoquant cette décision qui, selon lui, constitue une forme d’injustice. En difficulté avec l’actuelle administration de Anne Hidalgo, Delanoë déplore que cette affaire ait desservi non seulement lui, mais aussi l’ensemble des victimes de l’homophobie.

Cette nuit du 5 octobre 2002 reste une blessure ouverte et un rappel cruel des défis encore à relever en matière de droits humains. Le témoignage de Bertrand Delanoë est une invitation à la réflexion et à l’action, pour un avenir où chacun pourrait vivre en paix, sans crainte d’être harcelé ou agressé en raison de son identité.