
Le scrutin a été serré, comme prévu. Toutefois, le gouvernement a réussi à faire adopter le budget de la Sécurité sociale ce mardi à l’Assemblée nationale. Avec 247 députés ayant voté en faveur du texte, 234 se sont prononcés contre, et 93 ont choisi de s’abstenir. Ce vote se solde ainsi par 13 voix qui ont permis au gouvernement de sauver son budget.
EN BREF
- Le budget de la Sécurité sociale a été adopté avec un vote très serré (247 pour, 234 contre).
- Le soutien inattendu du Parti socialiste a joué un rôle crucial dans l’adoption de ce budget.
- Sébastien Lecornu, ministre des Comptes publics, sort renforcé de cette épreuve politique.
L’issue du vote était particulièrement incertaine, compte tenu du refus affiché par Les Républicains et Horizon de soutenir le texte, malgré leur affiliation au camp gouvernemental. Les leaders de ces partis, Laurent Wauquiez et Paul Christophe, avaient incité leurs députés à s’abstenir, rendant encore plus fragile la situation pour le gouvernement. En revanche, le Parti socialiste, souvent perçu comme un adversaire, a apporté son soutien au projet de budget. Cela a pu surprendre, mais ces dernières semaines, des concessions avaient été accordées pour obtenir une alliance inédite.
Dans le détail des votes, on observe que le Rassemblement National et la France Insoumise ont massivement rejeté le texte, avec respectivement 123 et 71 voix contre. D’autres opposants se sont ajoutés : seize députés de l’Union des droites pour la République, neuf du groupe écologiste et social, trois de la Droite républicaine, et dix de la Gauche démocrate et républicaine, ainsi que deux députés non inscrits.
Du côté des partisans, sans grande surprise, le groupe Ensemble pour la République a voté en faveur du texte, avec 91 voix. De plus, se sont ajoutés 63 élus socialistes et apparentés, 18 de la Droite républicaine, 36 du groupe des Démocrates, 20 de Libertés, indépendants, outre-mer et territoires.
Lecornu renforcé
Nommé il y a trois mois à Matignon, Sébastien Lecornu ressort visiblement renforcé de ce scrutin à haut risque. Avant le vote, plusieurs responsables de son camp avaient même envisagé d’activer l’article 49.3 de la Constitution, un mécanisme qui permet de faire passer un texte sans vote, mais qui comporte des risques. L’activation de cet outil aurait conduit inévitablement à une censure de la part de l’opposition.
Si le texte avait été rejeté, il est évident que la question de son départ serait devenue incontournable. Sa stratégie, fondée sur une approche de « petits pas », consistant à élaborer des compromis jour après jour, a finalement porté ses fruits ce mardi. Cette méthode a permis de contourner les obstacles de manière pragmatique.
Pour l’Assemblée, qui fonctionne sans majorité absolue depuis 2022, cette adoption constitue une étape déterminante, alors que de nombreux observateurs doutaient de sa réussite. L’examen du budget s’est déroulé dans des délais contraints, au sein d’un hémicycle particulièrement fragmenté.
Au-delà de la Sécurité sociale, qui célèbre cette année ses 80 ans, l’enjeu est essentiel pour l’ensemble du cheminement budgétaire. Le gouvernement pense que l’adoption du budget de la Sécurité sociale pourrait établir une dynamique positive pour le budget de l’État, actuellement en examen au Sénat. Les députés et sénateurs devront ensuite s’entendre lors d’une commission mixte paritaire, ce qui s’annonce également comme un défi.

