
Les forces spéciales françaises ont-elles véritablement contribué à repousser une tentative de putsch au Bénin, qui s’est déroulée dimanche dernier ? Les récents événements soulèvent des questions cruciales sur l’implication de la France dans les affaires internes de ce pays. Le président béninois, Patrice Talon, a été confronté à une menace de destitution orchestrée par un groupe de militaires mutins, ce qui a incité les autorités à solliciter un soutien militaire français.
EN BREF
- Une tentative de coup d’État a été déjouée au Bénin grâce à des actions précoces des forces françaises.
- Le soutien logistique et opérationnel français a été reconnu par le gouvernement béninois.
- La France maintient des relations stratégiques avec le Bénin, acteur clé en Afrique de l’Ouest.
Selon les informations, le Renseignement français a joué un rôle déterminant dans la détection de ce coup d’État imminent. Lors d’une intervention sur RFI, le commandant de la Garde républicaine béninoise a déclaré : “Ces forces spéciales françaises, qui sont arrivées en fin de journée, ont concouru au ratissage après que l’armée a effectué ses frappes et que tout était terminé.”
Les éléments de reconnaissance, notamment un avion qui survolait la capitale, Cotonou, pendant plusieurs heures, ont permis aux forces béninoises—avec l’appui des troupes nigériennes—de mener des opérations efficaces contre les mutins. Ces opérations, soutenues par les soldats français, ont permis de cibler avec précision les positions ennemies.
Face à ces faits, le colonel Guillaume Vernet, porte-parole de l’État-major des armées, a déclaré, de manière laconique : “Le président de la République a effectivement ordonné l’utilisation de moyens français, qui sont essentiellement des moyens d’observation et logistiques.” Ces déclarations soulèvent néanmoins des interrogations. L’absence de clarté sur la présence de soldats français au sol et leur rôle exact alimente des débats autour de la souveraineté du Bénin.
La France, en tant que partenaire historique du Bénin, a été sollicitée en vertu des accords de coopération militaire. Ces accords stipulent que l’État français peut apporter un soutien logistique et opérationnel. Les deux dirigeants, Talon et son homologue français, ont échangé suite aux événements. Toutefois, les deux parties insistent sur l’absence d’ingérence, un sujet particulièrement sensible dans le contexte ouest-africain. Oswald Padonou, directeur de programme à l’École Nationale Supérieure des Armées (ENSA) au Bénin, précise : “C’est le principe de précaution qui a sans doute guidé cette décision du gouvernement béninois.”
Le Bénin cherche à stabiliser sa situation afin de maintenir des relations saines avec Paris, surtout dans un environnement régional où les influences se diversifient et où les coups d’État sont devenus plus fréquents.
Ce pays demeure l’un des derniers partenaires solides pour la France en Afrique de l’Ouest. L’équilibre que Paris tente de maintenir dans ses relations avec les anciennes colonies reste délicat. À terme, ces événements pourraient modifier la perception de la présence française dans la région, ainsi que la dynamique entre protection et ingérence. La prudence semble donc être le maître mot pour la France face à une situation complexe sur le terrain.

