
EXCLUSIF – Édouard Philippe, ancien Premier ministre français, revient sur son expérience marquante lors de son service militaire, débuté en 1994 à l’âge de 24 ans. Ce parcours, souvent oublié par la jeunesse actuelle, révèle des leçons de vie et de leadership à ne pas négliger.
EN BREF
- Édouard Philippe évoque son service militaire et son impact sur sa vie.
- Il souligne l’importance du service militaire volontaire et son souhait d’augmenter le nombre de réservistes.
- Ses réflexions révèlent un lien entre l’armée et le leadership politique.
Lorsqu’on voit Édouard Philippe en costume militaire, avec son mètre quatre-vingt-quatorze, on pourrait imaginer qu’il aborde la vie avec une assurance indéniable. Pourtant, à son arrivée à Saumur, ce jeune homme se sentait bien loin de cette image. Un mois de décembre festif avait laissé des traces, et un mélange d’excitation et d’appréhension l’accompagnait alors qu’il commençait son service militaire, le 4 janvier 1994. Dans une interview pleine de nostalgie, il décrit ce moment comme un choc enrichissant.
Édouard Philippe se rappelle comment, sans vraiment savoir à quoi s’attendre, il a choisi de s’engager au sein de l’artillerie. « Je n’avais jamais eu de militaire dans ma famille, à part mon grand-père maternel lieutenant d’artillerie durant la Seconde Guerre mondiale », confie-t-il. Après un mois de formation, il est affecté à Draguignan pour parfaire sa formation pendant quatre mois. Cette expérience a été révélatrice : il a engendré des compétences qui vont bien au-delà de la simple formation militaire.
Un regard sur la diversité française
Au sein de l’armée, Édouard Philippe a découvert une France que peu connaissent. « C’était une France que je ne connaissais pas. Et cela a été un cadeau ! », se souvient-il avec un sourire. Les interactions avec ses camarades, aux origines diverses, lui ont permis d’apprécier des tempéraments variés, allant des plus robustes aux plus fragiles. C’est dans cette diversité qu’il a compris l’importance de la résilience collective.
Il évoque des moments marquants, comme ces longues marches où ses camarades chutaient sous la fatigue, leurs chaussettes humides à leurs pieds. Ces petites anecdotes montrent comment la camaraderie devient essentielle dans des conditions difficiles. « Sans pieds, plus d’armée. » Cette phrase résonne encore dans son esprit, lui rappelant que la préparation et le soin des détails deviennent cruciaux dans des situations extrêmes.
« Commander une section, c’est autre chose encore : avoir en face de soi des hommes plus forts, plus grands, parfois à bout physiquement, et qu’il faut mener jusqu’au bout… très formateur. »
Édouard Philippe
Ce passage souligne que le service militaire ne se résume pas à des compétences techniques, mais comprend aussi un apprentissage du leadership et de la solidarité. Il se souvient de moments décisifs où il a dû prendre des décisions difficiles, illustrant ainsi le lien entre ces expériences et sa carrière politique actuelle. Il refuse toutefois d’idéaliser cette période, rappelant que nombre de ses camarades ont vécu cette expérience sans intérêt, et critique ceux qui, aujourd’hui, invoquent le service militaire avec une vision romantique.
Édouard Philippe prône plutôt l’idée d’un service militaire volontaire, capable de former 50 000 réservistes par an, un chiffre bien supérieur à celui envisagé par le président Emmanuel Macron. Pour lui, ce renouveau du service militaire pourrait aider à forger des citoyens responsables et engagés.
« En résumé, je suis entré dans l’armée sans enthousiasme, et j’en suis sorti profondément marqué, enrichi, reconnaissant de cette année qui a été dure… puis formidable. » Ces mots résonnent comme un mécanisme de réflexion sur son parcours. Pour Édouard Philippe, cette expérience, malgré les défis, demeure une pierre angulaire dans le développement d’un homme d’État.
Le service militaire, avec ses strictes épreuves, forge non seulement des soldats, mais aussi des leaders. Pour l’ancien Premier ministre, c’est un héritage qu’il souhaite voir se perpétuer, non pas comme un retour en arrière, mais comme un tremplin vers un avenir plus responsable.

