« François Hollande : souvenirs du service militaire avec Michel Sapin toujours présent »

Ancien président de la République français, François Hollande fut également chef des armées, jouant un rôle clé dans l’engagement militaire français au Sahel. Pourtant, cet homme n’est pas un fervent militaire de nature. Son parcours, marqué par une première interaction avec l’armée en 1977, a laissé une empreinte indélébile sur sa vision des affaires militaires et de la défense.

Ce premier contact avec le monde militaire a failli ne pas voir le jour. « Je n’avais pas été déclaré apte pour le service militaire lors d’une première visite médicale en raison de ma vue », confie François Hollande dans un entretien. Mais cette situation ne lui convenait pas. Il souhaitait, à tout prix, servir son pays, un désir formaté dès son plus jeune âge.

Après une période passée à Coëtquidan, à l’école militaire de Saint-Cyr, François Hollande se retrouve immergé dans une formation intense où il apprend les bases de la vie militaire. « Ce fut un moment intense, mais humainement appréciable », se remémore-t-il, soulignant la camaraderie tissée avec ses camarades d’escouade, des liens qui perdurent encore aujourd’hui.

Chef de section dans le Génie

Hollande poursuit sa formation à l’école d’application du Génie à Angers. « Le génie, c’est l’arme où les troupes apprennent à franchir des ponts et à empêcher l’ennemi d’avancer par un minage », explique-t-il. Après quatre mois d’apprentissage, il est affecté près de Rouen en tant que chef de section du 71e régiment du génie.

À la tête d’une section de 25 soldats, François Hollande s’immerge dans un monde où il découvre des jeunes venant de milieux divers. « Des années après, j’ai rencontré certains d’entre eux lors de visites et de campagnes électorales. C’était très touchant », se rappelle-t-il avec émotion. Son service militaire n’a pas seulement été une épreuve d’endurance physique, mais une véritable école de vie et d’humanité.

« Il est irréaliste de mobiliser des femmes et des hommes d’un contingent. Ce serait un coût exorbitant »

François Hollande

Interrogé sur la possibilité d’un retour à la conscription dans le contexte actuel de tensions internationales, Hollande reste ferme. « Nous disposons d’une armée professionnelle », insiste-t-il. Il rappelle que le service militaire était déjà soumis à des critiques durant son époque, avec des cas d’objections de conscience fréquents. Pour lui, l’idée de réintroduire la conscription semble un défi inadapté à l’ère moderne.

L’héritage de son expérience militaire

Malgré la rigueur imposée par le service, l’ancien chef d’État en tire plusieurs leçons. « Cela m’a permis de découvrir l’institution, trop méconnue aujourd’hui », témoigne-t-il, en insistant sur la valeur du lien créé avec les jeunes Français de son âge. Son expérience lui a donné des outils précieux dans sa vie politique, comme la connaissance des mentalités militaires.

« Comme président, avoir cette connaissance de l’institution militaire a été utile »

François Hollande

Hollande soutient par ailleurs le projet d’Emmanuel Macron visant à créer une nouvelle formule de service, fondée sur le volontariat. Il envisage un cadre qui permettrait à chaque jeune citoyen de contribuer à des activités d’intérêt général, qu’elles soient militaires ou civiles. « Une initiation dans un cadre postscolaire pourrait sensibiliser les jeunes aux enjeux de notre défense nationale », propose-t-il, affirmant que la France n’a pas besoin d’une armée surchargée, mais d’une force professionnelle et technologique.

Son parcours, loin d’être simplement une anecdote de sa jeunesse, constitue une base solide pour comprendre ses décisions politiques ultérieures. À travers le prisme de ses souvenirs, il révèle une vision nuancée des défis militaires contemporains, tout en plaidant pour un équilibre entre service militaire et engagement civique.