Donald Trump intensifie ses attaques contre l’Europe, soutenu par Jordan Bardella qui adopte également une rhétorique anti-immigration. Cette alliance avec un dirigeant considérablement impopulaire en France pourrait, cependant, avoir des conséquences politiques délicates pour le leader du Rassemblement National (RN).
EN BREF
- Trump soutient des partis d’extrême droite européens, suscitant des alliés controversés.
- Bardella se risque à trois volets associés au président américain, malgré sa défiance en France.
- Les tensions entre l’UE et les États-Unis s’intensifient, soulevant des interrogations sur la position du RN.
Le 11 décembre dernier, lors d’une interview accordée à la BBC, Jordan Bardella a affiché son soutien à Donald Trump, établissant ainsi une connexion manifeste entre les politiques américaines et françaises. Cela s’est produit suite à sa rencontre avec Nigel Farage, figure emblématique du Brexit. Bardella a exprimé son approbation pour les positions de Trump, notamment lorsqu’il s’agit de son discours teinté de théories complotistes sur le “grand remplacement” qui, selon Trump, mènerait à un “effacement civilisationnel” de l’Europe, submergée par une “immigration massive”.
Cette proximité avec Trump n’est guère surprenante. En effet, les deux hommes partagent une vision du monde qui s’apparente à un populisme décomplexé, mais Bardella pourrait faire face à des retombées politiques. De nombreux sondages révèlent que Trump est l’un des dirigeants étrangers les moins aimés en France, avec seulement 18 % des Français ayant une opinion favorable à son égard, selon un récent sondage réalisé par YouGov. Ses propos souvent outranciers suscitent des inquiétudes, et l’on pourrait dire que Trump exprime haut et fort ce que le RN n’ose plus dire clairement, après avoir opté pour une “stratégie de la cravate” visant à adoucir son image.
Jordan Bardella a déjà expérimenté les conséquences d’un tel positionnement. Lors de sa visite à Washington en février dernier, il a participé à une conférence d’ultraconservateurs, mais s’est vite retiré lorsque Steve Bannon, ancien conseiller de Trump, a salué le public d’un geste d’inspiration nazie. Cette image aurait sans doute nuit à sa présence en ligne sur des plateformes qu’il utilise pour soigner son image, comme TikTok. Toutefois, l’alignement avec Trump expose Bardella à un autre danger politique, peut-être plus insidieux.
Trump a ouvertement déclaré une guerre stratégique et commerciale contre l’Europe et la France. Bien que Bardella ait assuré qu’il ne souhaite pas voir l’Europe “soumise à une quelconque grande puissance”, il est difficile de revendiquer le patriotisme tout en s’alignant sur le discours d’un président qui attaque frontalement son propre pays. Ce positionnement pourrait raviver l’étiquette de “parti de l’étranger”, qui a longtemps accompagné l’extrême droite française, héritée des émigrés de la noblesse fuyant la Révolution française, jusqu’à l’exil à Coblence.
Les guerres, même idéologiques, obligent souvent à faire des choix. En s’affichant aux côtés d’une figure controversée comme Trump, Bardella prend un risque considérable, tant pour sa carrière que pour l’image du RN. Le temps dévoilera si cette stratégie lui permettra d’accroître son influence ou bien si elle aura des conséquences néfastes sur sa crédibilité.