« La dette n’existe pas : plongée dans la pensée économique d’Emmanuel Macron »

  • décembre 12, 2025
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Malgré plus de 3 400 milliards d’euros de dette, le président de la République, Emmanuel Macron, semble toujours persuadé que la structure d’activité de la France est le principal défi à relever, plutôt que la nécessité de réduire les déficits. Cette position, qui peut surprendre, mérite un examen plus approfondi.

EN BREF

  • Emmanuel Macron considère que les problématiques d’emploi sont plus critiques que la dette nationale.
  • Malgré une dette en forte augmentation, le président reste confiant quant à la possibilité d’emprunter.
  • Des réformes structurelles sont nécessaires pour créer un consensus économique durable.

En affirmant que « la dette n’existe pas », Emmanuel Macron a suscité l’incrédulité. Ce constat a été partagé par des économistes, dont Olivier Blanchard, ancien économiste en chef du Fonds monétaire international, qui a averti du risque d’une telle attitude. L’augmentation de la dette, dépassant 1 000 milliards d’euros depuis 2017, ne peut être ignorée, tant elle devient un fardeau pour les générations futures. Pourtant, le président dresse un tableau optimiste, affirmant que la France, en tant que grande nation, ne risque pas de se retrouver sous tutelle financière.

Pour comprendre cette perspective, il est essentiel de se plonger dans la psychologie et le parcours d’Emmanuel Macron. Un proche confie : « C’est un banquier, il voit les choses sous cet angle. » En effet, son expérience chez Rothschild dans les années 2010 l’a probablement confiné à une vision où l’emprunt est perçu comme une solution plus qu’un problème. L’entourage du président affirme qu’il ne sous-estime pas l’ampleur de la dette, mais insiste sur le fait qu’il ne considère pas cela comme le principal obstacle à surmonter.

Un focus sur l’emploi

Emmanuel Macron est convaincu que la clé réside dans l’augmentation du taux d’emploi. Selon lui, l’effort doit se concentrer sur la structure d’activité en France, imitant les modèles vanteux de l’Allemagne et des Pays-Bas. Actuellement, le taux d’emploi des 15-64 ans en France est d’environ 69%, laissant un écart notable par rapport à l’Allemagne et aux Pays-Bas. Ce décalage représente non seulement une perte de potentiel fiscal pour l’État, mais également des dépenses significatives pour maintenir la précarité de la population. Emmanuel Macron rêve d’un plein-emploi où chaque citoyen serait acteur de la productivité nationale.

Vers des réformes structurelles inévitables

Lors d’une rencontre avec des chefs d’entreprise, Emmanuel Macron a lancé : « Réveillez-vous, nous n’y sommes pas. » Sa conviction qu’une réforme profonde est nécessaire pour stabiliser les finances publiques est claire. Cela dit, la transition vers une telle vision est semée d’embûches. Il reconnaît aussi, en privé, qu’il éprouve des difficultés à forger un consensus sur les questions économiques. La récente abandonnement d’une réforme significative sur l’assurance chômage et l’incertitude autour des retraites illustrent une crise politique latente qui freine l’action publique.

Des réformes inévitables sont à prévoir, et Emmanuel Macron reste persuadé que les réformes des retraites doivent avancer. Il appelle à une adaptation des politiques sociales aux réalités économiques, tout en gardant à l’esprit que la résistance des différents acteurs du système politique limite lui-même la mise en œuvre de changements significatifs.

En somme, le débat sur la dette et l’emploi en France est plus que jamais d’actualité. La tension entre les chiffres et les réalités humaines se traduit par des décisions politiques cruciales. En naviguant entre l’impératif d’une gestion rigoureuse des finances publiques et la nécessité d’assurer un emploi pour tous, le pays se trouve dans une période charnière, où le manquement à l’action pourrait mener à plus que des difficultés financières.