« La fin de la diplomatie du panda : Macron cherche un nouvel équilibre avec Pékin »

  • décembre 13, 2025
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Durant sa visite d’État de trois jours en Chine, le président français, Emmanuel Macron, a pour objectif de convaincre son homologue Xi Jinping d’infléchir sa position sur la guerre en Ukraine et de rééquilibrer les relations économiques et commerciales entre les deux nations. En toile de fond, un décor minutieusement orchestré : après un accueil solennel dans les jardins de la Cité impériale, le président chinois accompagnera Emmanuel Macron à Chengdu, la capitale du Sichuan, symbole de la diplomatie. À cet endroit sont symboliquement conservés Huan Huan et Yuan Zi, ces emblématiques pandas prêtés à la France.

EN BREF

  • Emmanuel Macron tente de rééquilibrer les relations économiques avec la Chine lors de sa visite d’État.
  • Le déficit commercial français face à la Chine atteint 47 milliards d’euros en 2024, doublé en dix ans.
  • Les enjeux liés à la guerre en Ukraine compliquent les discussions entre Paris et Pékin.

Ce décor n’est pas anodin. Il évoque en effet des relations de plus en plus tendues entre Paris et Pékin. Les contentieux se multiplient, certains se rapprochant de l’irréparable. Comme le disait si bien De Gaulle : « La diplomatie est l’art de faire durer indéfiniment les carreaux fêlés ».

Des contentieux croissants

L’un des principaux points de désaccord se situe autour de la guerre en Ukraine. À rebours des appels européens à la paix, la Chine continue de fournir à la Russie des composants essentiels, notamment pour la fabrication de drones. Récemment, le Financial Times a révélé qu’un industriel chinois avait investi directement dans l’entreprise russe Rustakt, laquelle produit le drone VT-40, devenu un outil stratégique sur le terrain.

En ce qui concerne l’économie, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Un membre de la délégation française a récemment lancé l’alarme, indiquant que : « Notre déficit commercial vis-à-vis de la Chine est supérieur à celui des États-Unis. » En effet, en l’espace d’une décennie, le déficit français a doublé pour atteindre 47 milliards d’euros en 2024. Alors que les produits chinois à bas coût inondent les rayons européens, la polémique autour de Shein, symbole de cette déferlante incontrôlée, n’est qu’un triste exemple de cette réalité économique de plus en plus préoccupante.

Un bras de fer feutré

Du côté de l’Élysée, on assure qu’Emmanuel Macron n’est pas naïf. Aucune illusion quant à une éventuelle adoption des positions françaises par la Chine. L’espoir repose plutôt sur une influence potentielle de Pékin sur Moscou en faveur d’un cessez-le-feu. Cependant, cela reste un pari fragile, d’autant plus que Xi Jinping avait, en septembre dernier, exprimé sa pleine collaboration stratégique avec Vladimir Poutine, plaidant pour un système de gouvernance mondiale « plus juste », moins aligné sur l’Occident.

Cette lucidité est également palpable sur le plan économique. Macron entend défendre « une relation économique et commerciale équilibrée », mais une question se pose au sein du gouvernement : avons-nous encore les moyens de l’imposer ? Prenant cela en compte, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a demandé à ses équipes d’établir une liste des produits français vitaux pour la Chine, afin de disposer d’un outil de pression, preuve que Paris ne désire plus subir.

Reste à voir si cette fermeté affichée saura résister au charme millimétré de l’hôte chinois. Un membre de la délégation notait, un peu prématurément : « La diplomatie du panda a vécu. » Bien que la Chine se soit engagée à prêter à nouveau des pandas à la France, chacun sait que cette générosité, teintée d’affection, n’est jamais gratuite. À Chengdu se jouera ainsi un test crucial : celui de savoir si la France cédera à la mise en scène ou si elle imposera véritablement le rapport de force qu’elle revendique en coulisses.