
Cette année commémore le 120e anniversaire de la loi de séparation des Églises et de l’État, une étape clé dans l’histoire de la laïcité en France. Promulguée le 9 décembre 1905 par le président de la République Émile Loubet, ce texte fondateur reste aujourd’hui d’une *actualité saisissante*. À cette occasion, les archives de l’Assemblée nationale révèlent des documents précieux, témoins d’une époque où le débat sur la laïcité était au cœur des préoccupations politiques.
EN BREF
- La loi de séparation des Églises et de l’État a été promulguée le 9 décembre 1905.
- Une exposition commémorant son 120e anniversaire se tiendra à l’Assemblée nationale.
- Le débat sur la laïcité est toujours aussi brûlant dans la société française actuelle.
À l’intérieur des locaux de l’Assemblée, une odeur de cuir sec se dégage des rayonnages de la bibliothèque, où des chercheurs et des historiens s’affairent. Les murs ornés de fresques d’Eugène Delacroix créent une atmosphère propice à la réflexion. C’est dans ce lieu chargé d’histoire que l’on scrute de nouveaux documents, comme les rapports de la loi de 1905, portés par le député socialiste Aristide Briand, célèbre pour ses talents d’orateur et sa vision républicaine. Il affirmait avec conviction : « Notre loi est une loi de liberté, qui fait honneur à une assemblée républicaine. »
Renaissance d’un héritage
La loi de 1905, issue d’un combat long et ardu entre les parlementaires anticléricaux de gauche et les catholiques de droite, demeure un pilier de la laïcité. Son principe fondamental est de garantir la liberté de conscience tout en affirmant la neutralité de l’État. Elle met un terme à la subvention des cultes par l’État et proclame que la République « ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ». Ce texte a ainsi remplacé le Concordat de 1802, qui régissait les relations entre l’État français et les cultes.
Pour marquer cet anniversaire, l’Assemblée nationale prévoit diverses manifestations, dont une exposition qui met en lumière des pièces essentielles. On y trouvera, par exemple, le compte rendu officiel de la séance du 21 mars 1905, moment clé lors duquel la loi a été examinée. Des documents inédits, tels que des échanges entre Aristide Briand et l’abbé Gayraud, principal défenseur de l’Église catholique, seront révélés au public. L’exposition témoignera de l’importance historique et symbolique de cette loi, dont les débats animés rappellent les enjeux de la société contemporaine.
Un débat toujours actuel
À ce jour, la laïcité continue de susciter des passions. Récemment, une discussion houleuse a eu lieu concernant la visite d’enfants voilés à l’hémicycle. La réaction de la présidente de l’Assemblée nationale a ravivé les tensions, notamment au sein de La France insoumise. Ce fait illustre que, tout comme il y a un siècle, le débat sur la laïcité est *toujours incandescent* et peut diviser la société en différentes chapelles.
Les mots de l’abbé Gayraud, prononcés à l’époque, résonnent encore dans nos esprits : « Nous avons des siècles pour prendre nos revanches, et l’histoire nous apprend qu’elles gagnent toujours. » Telle une prophétie, cette assertion souligne combien le sujet de la laïcité est complexe et combien son interprétation évolue avec les époques.
Ce 120e anniversaire de la loi sur la séparation des Églises et de l’État n’est pas seulement une célébration d’un texte juridique, mais aussi une occasion de réfléchir sur nos valeurs républicaines et sur l’avenir de la laïcité dans notre société contemporaine. La rencontre entre l’histoire et le présent ouvre ainsi un dialogue essentiel pour les générations futures.

