
À 57 ans, Maria Corina Machado aurait pu devenir la présidente du Venezuela si la dictature de Nicolas Maduro ne l’avait pas empêchée de se présenter à l’élection du 28 juillet 2024. Dans un contexte de fraude électorale dénoncé et de répression sévère, c’est Edmundo Gonzalez Urrutia, son complice dans la lutte pour la liberté, qui a obtenu près de 70 % des voix lors des récentes élections. Cet article explore son parcours, sa vision pour l’avenir du Venezuela, et le climat politique actuel.
EN BREF
- Maria Corina Machado, figure emblématique de l’opposition vénézuélienne, est en exil après avoir été contrainte de fuir la répression du régime de Maduro.
- Elle prône une république démocratique, fondée sur l’égalité des chances et la liberté d’expression.
- La situation économique du Venezuela, gravement impactée par 25 ans de chavisme, exige une intervention internationale pour restaurer la démocratie.
Depuis la victoire contestée de Maduro, Maria Corina Machado vit dans la clandestinité pour éviter l’emprisonnement. Elle confie dans une récente interview qu’elle n’est pas sortie du pays depuis onze ans, utilisant ses connaissances des routes et des réalités locales pour continuer à mener sa lutte. Cette année, elle a passé son premier Noël loin de sa famille, un témoignage poignant d’un engagement personnel face à l’adversité.
Interrogée sur les accusations de l’extrême droite, Machado répond avec fermeté : “Je me fiche des étiquettes. Mon souhait est de construire un pays où chaque citoyen ait les mêmes droits.” Elle aspire à un système éducatif exemplaire et à une économie favorable à tous. Au lieu de distribuer de l’aide sous condition, elle souhaite donner aux gens les moyens de s’autonomiser.
Maria Corina Machado, issue d’une famille d’entrepreneurs, a longtemps perçu la politique comme un domaine corrompu. Sa conversion s’est opérée lorsqu’elle a pris conscience des conditions de vie désastreuses des enfants abandonnés lors d’une visite dans un centre d’accueil. Intriguée par la politique, elle a fondé l’ONG Súmate pour défendre les droits des plus vulnérables, marquant le début de son parcours politique.
En 2010, elle est élue députée avec 85 % des voix. Son expérience à la tête de cette ONG influence profondément sa vision politique, axée sur le pragmatisme et la libéralisation de l’économie. Elle critique le chavisme qui, selon elle, a produit des inégalités croissantes, postant que “le chavisme laisse un pays détruit et endetté.”
Un bilan accablant du chavisme
Les vingt-cinq années de chavisme ont plongé le Venezuela dans une crise économique et sociale sans précédent. Rappelons que, lorsque Hugo Chavez a accédé au pouvoir en 1999, le prix du baril de pétrole était de 8 dollars, atteignant des sommets à 150 dollars. Ce contexte aurait dû profiter au pays, mais le résultat est désastreux, avec 60 % de la population vivant dans l’extrême pauvreté et un tiers des Vénézuéliens ayant fui le pays.
En dépit de la répression toujours en cours, Machado évoque un optimisme prudent : “Tout le monde sait que Maduro a largement été battu.” Elle note que dans un climat d’appauvrissement galopant, la population est de plus en plus désenchantée par le régime en place. La pression internationale, particulièrement celle des États-Unis et de l’Union européenne, est également cruciale pour établir une transition pacifique vers un gouvernement démocratique.
La lutte pour la démocratie est également une lutte pour la dignité. En témoignent les récents événements au Syrie, qui, selon Machado, affaiblissent le soutien international dont dispose Maduro. Les forces chavistes doivent donc redoubler d’efforts pour se maintenir, mais la situation est en train de changer, selon elle.
En guise de priorité, elle affirme son intention de bâtir des institutions inclusives et efficaces. Si elle accède au pouvoir, son projet inclura la transition vers un modèle économique durable, s’appuyant sur leurs vastes ressources naturelles pour transformer le Venezuela en un centre énergétique.
La lutte pour le Venezuela n’est pas qu’une question nationale, mais un enjeu qui pourrait influencer l’état de la démocratie en Amérique latine. La résilience de Maria Corina Machado et son rêve d’un Venezuela libre et démocratique sont plus que jamais d’actualité.