
Pénuries de carburant en Russie : une réalité inquiétante
Cette semaine, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a suscité l’inquiétude en affirmant, dans un tweet viral, que la Russie était confrontée à des pénuries de carburant et devait recourir à ses stocks stratégiques. À première vue, cette déclaration pourrait sembler exagérée, surtout pour un pays qui se positionne comme le troisième producteur de pétrole mondial. Cependant, des témoignages et des images partagés sur les réseaux sociaux laissent entrevoir des difficultés croissantes pour les Russes à s’approvisionner en essence.
EN BREF
- Volodymyr Zelensky affirme que la Russie souffre d’une pénurie de carburant atteignant 20 % de ses besoins.
- Des témoignages sur les réseaux sociaux font état de files d’attente aux stations-service et d’une forte augmentation des prix.
- Les frappes ukrainiennes sur les infrastructures pétrolières contribuent à cette crise, selon divers analystes.
Dans une vidéo diffusée sur le réseau X, Zelensky a déclaré que la pénurie de carburant en Russie affectait jusqu’à 20 % des besoins nationaux. Il a également précisé que des données fournies par les services ukrainiens soutenaient ses affirmations. Un extrait de son tweet mentionne les difficultés rencontrées par les agents économiques russes, qui doivent désormais puiser dans des réserves de diesel, traditionnellement économisées pour des situations critiques.
Sur les réseaux sociaux, des Russes inquiets partagent des vidéos montrant des files d’attente à rallonge devant des stations-service, certaines personnes attendant dès 4 heures du matin avec un thermos de café. D’autres utilisateurs publient des captures d’écran des prix de l’essence à la pompe, qui ont atteint des niveaux alarmants. Selon les données de Rosstat, au 1er septembre, le prix au détail de l’essence avait augmenté de 6,7 % par rapport à fin 2024, une hausse significative malgré la baisse des prix du baril de brut.
Les médias internationaux rapportent ces pénuries, tout comme la presse russe. Un journal local près de Vladivostok avait déjà évoqué cette situation estivale, faisant état de longues files d’attente pour le plein. Selon ce journal, les pénuries seraient accentuées par un afflux de touristes durant l’été et des difficultés d’approvisionnement pour les secteurs agricoles.
La situation dépasse le cadre des réseaux sociaux. Des témoins dans des régions éloignées, de la Crimée à la Sibérie, indiquent que des rationnements à la pompe sont instaurés. À Moscou et ses environs, la situation semble plus stable, mais ailleurs, l’accès à l’essence devient critique. Ces témoignages sont largement partagés sur les réseaux sociaux ukrainiens, qui ironisent sur les difficultés rencontrées par les Russes.
Les informations officielles sur la production de produits pétroliers en Russie ne sont plus à jour. Cependant, la presse économique, comme le journal Kommersant, cite des sources officielles signalant une incapacité de la Russie à produire 400 000 tonnes d’essence sur les deux millions habituellement produites chaque mois. Ce manque représente précisément 20 % de la production attendue.
Contexte des pénuries
L’agence OMT-Consult a récemment révélé qu’environ 2,6 % des stations-service avaient cessé leurs activités depuis cet été, soit environ 360 stations. Les approvisionnements en essence tardent à arriver, amplifiant la crise. Dans certaines zones, notamment autour de Sébastopol, le nombre de stations offrant de l’essence a chuté de 50 % en raison de perturbations dans les chaînes d’approvisionnement.
La rareté de l’essence entraîne même une augmentation du commerce illégal du carburant. Certains utilisateurs partagent sur les petites annonces en ligne des offres de vente d’essence, ce qui démontre à quel point la pénurie est problématique.
Il est indéniable que ces pénuries ne résultent pas uniquement des sanctions internationales. Elles trouvent également leur origine dans l’efficacité des frappes de drones ukrainiennes contre les installations pétrolières de la Russie. Selon plusieurs analystes, ces frappes ont entraîné une baisse de production des raffineries de l’ordre de 10 % depuis le début de l’année.
La dynamique de cette crise semble se renforcer au fur et à mesure que les frappes ukrainiennes ciblent les infrastructures stratégiques russes. Volodymyr Zelensky a qualifié ces frappes de véritables sanctions efficaces, visant à affaiblir les capacités de production pétrolière de la Russie et, par extension, à perturber son économie.
Dans ce contexte, l’évaluation de la situation par des experts devient cruciale pour anticiper les possibles répercussions sur le front interne russe et l’impact sur les dynamiques du conflit en cours. Ces interrogations sont sans précédent, tant la dépendance à l’énergie joue un rôle central tant pour le quotidien des citoyens que pour l’efficacité des actions militaires.