
Le tableau du tabagisme en France révèle des transformations profondes et significatives depuis la pandémie de Covid-19. Selon les dernières données de Santé publique France publiées en 2024, le taux de fumeurs parmi les 18-75 ans a chuté à 25 %, en baisse par rapport à 32 % en 2021. Cette évolution est également visible chez les adolescents : en 2022, seulement 15,6 % des jeunes de 17 ans fumaient quotidiennement, contre 25,1 % en 2017. Ces chiffres illustent une tendance marquée à la diminution du tabagisme, mais également des disparités évidentes selon le milieu social et économique des fumeurs.
EN BREF
- Taux de fumeurs chez les 18-75 ans : 25 % en 2024, contre 32 % en 2021.
- Objectif de 20 % de fumeurs quotidiens atteint dès 2024.
- Disparités sociales persistantes : le tabagisme reste plus fréquent chez les ouvriers et les chômeurs.
Le Programme national de lutte contre le tabac pour 2023-2027, qui vise à réduire la consommation quotidienne à 20 %, a non seulement été atteint, mais dépasse déjà cet objectif selon les autorités sanitaires. Le ministère de la Santé, en collaboration avec des institutions telles que la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA), attribue cette nette diminution aux stratégies mises en œuvre depuis plus d’une décennie. Parmi celles-ci, on note :
- Paquet neutre : un packaging uniforme pour réduire l’attrait des produits.
- Augmentation des prix du tabac : en moyenne, le prix du paquet de cigarettes le plus vendu a bondi de 14,9 % entre 2023 et 2024.
- Espaces sans tabac : expansion des zones où fumer est interdit.
- Remboursement des traitements de substitution : facilitant l’accès à des solutions pour aider à l’arrêt.
- Mois sans tabac : une campagne de sensibilisation largement relayée.
Cependant, cette baisse soulève des questions concernant les fractures sociales persistantes liées au tabagisme. Le tabac reste un indicateur marquant des inégalités. La consommation quotidienne est 2,1 fois plus fréquente chez les ouvriers que chez les cadres, avec 25 % pour les premiers contre 11,8 % pour les seconds. De surcroît, la situation des personnes en difficulté financière est alarmante, avec 30 % de fumeurs parmi elles. Les statistiques sont tout aussi préoccupantes pour le chômage : près de 30 % des personnes sans emploi ont recours à la cigarette, comparés à 19 % des actifs.
Une lueur d’espoir réside cependant dans le fait que plus de 50 % des fumeurs quotidiens expriment le désir d’arrêter de fumer. Ce chiffre est particulièrement élevé chez les 40-49 ans, avec 59 % d’entre eux désireux de se libérer de la dépendance. En 2024, 17,3 % des fumeurs âgés de 18 à 79 ans ont tenté de cesser de fumer pendant au moins une semaine au cours de l’année écoulée. Les jeunes fumeurs, notamment ceux de 18 à 29 ans, affichent la plupart des intentions d’arrêter, avec 28,2 % des tentatives.
Quant aux aides au sevrage, les ventes de traitements en pharmacie ont connu une hausse de 10 % entre 2023 et 2024 et même 29 % depuis 2021. Cela témoigne d’une volonté manifeste de quitter cette habitude, soutenue par des nouvelles réglementations et des campagnes de sensibilisation.
Il convient toutefois de lire ces résultats avec prudence. Les méthodologies de collecte de données ont été modifiées en 2024, ce qui pourrait influencer les chiffres. Malgré cela, les signes d’une tendance durable se dessinent clairement, suggérés par la chute de 24 % des livraisons de tabac aux buralistes entre 2021 et 2024.
En somme, les avancées en matière de réduction du tabagisme en France sont significatives et témoignent d’une efficace mobilisation des efforts pour la santé publique. Reste à concrétiser cette dynamique dans toutes les couches de la population pour garantir un futur plus sain à chacun.