
Le gouvernement français a présenté son budget pour la Sécurité sociale, qui prévoit un décifit réduit à 17,5 milliards d’euros en 2026, après un déficit anticipé de 23 milliards d’euros en 2025. Ce plan vise à restreindre les dépenses publiques, notamment celles liées à la santé. Dans ce contexte, l’Objectif National de Démarrage des Dépenses de l’Assurance Maladie (Ondam) ne connaîtra qu’une progression de 1,6 %, bien en deçà de l’augmentation naturelle des dépenses due au vieillissement de la population et à la montée des maladies chroniques, qui s’élèverait à environ 4 % chaque année.
EN BREF
- Le gouvernement prévoit un déficit de 17,5 milliards d’euros en 2026.
- La progression de l’Ondam est limitée à 1,6 %, insuffisante face aux besoins en santé.
- Les établissements de santé pourraient manquer de 1,1 milliard d’euros, menaçant la qualité des soins.
Les établissements de santé en péril
Dans le concret, la dotation dédiée aux établissements de santé prévoit une augmentation modeste de 2,1 %. Toutefois, les acteurs du secteur, tels que les fédérations des établissements publics (FHF), privés (FHP) et associatifs (Fehap), ainsi que d’autres organisations, alertent sur le fait qu’une fois intégrée la hausse des cotisations des employeurs pour les retraites, ce qui reste pour les établissements ne sera en réalité qu’une amélioration de 1,6 %.
Dans un communiqué commun publié le 15 octobre, ces organisations expriment leur inquiétude : « Près d’un quart de la progression annoncée, déjà trop faible, ne correspond pas à des ressources nouvelles mais à la couverture d’une simple charge supplémentaire. Un tel niveau, historiquement bas, ne permettra aucunement de répondre aux besoins croissants de la population », soulignent-elles.
Selon les estimations de ces groupements, 1,1 milliard d’euros manqueraient aux établissements, ce qui représenterait l’équivalent d’environ 20 000 postes d’infirmiers. Cela se produit dans un contexte où les efforts de recrutement s’améliorent, mais se heurtent à des contraintes budgétaires sévères.
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) en cours de discussion est perçu par ces associations comme une cure d’économies sans précédent sur l’hôpital depuis 2010. Ce texte prévoit également un décifit de 500 millions d’euros pour des secteurs déjà fragiles tels que les Ehpad, le handicap et les services à domicile.
Une réponse à des besoins croissants
La question se pose : jusqu’où le système de santé pourra-t-il faire face à une demande croissante avec des ressources en net recul ? Alors que les pathologies chroniques se multiplient et que les besoins de soins s’acculent, le manque d’investissement dans le secteur risque d’entraîner de sérieuses conséquences sur la qualité des soins. Les acteurs du terrain se mobilisent pour alerter sur les effets dévastateurs que pourraient avoir ces choix budgétaires sur le fonctionnement des hôpitaux et des établissements de santé.
La situation actuelle, d’après de nombreux observateurs et professionnels, pourrait mener à une crise des soins, alors même que la France s’efforce de moderniser et de renforcer son système de santé. On peut se demander si cette approche axée sur l’austérité est réellement la solution ou si elle ne se révèle pas être un cul-de-sac pour l’ensemble du système de santé.