
Les traitements médicaux peuvent être salvateurs, mais ils laissent parfois des séquelles profondes, notamment dans l’intimité des patientes. Selon une enquête menée par WISH-BREAST, près de 90% des femmes atteintes de cancer du sein rapportent que leur vie sexuelle a été significativement bouleversée par la maladie. Ces désagréments touchent particulièrement les femmes plus âgées, dont le parcours de soins est souvent plus long et éprouvant.
EN BREF
- Près de 90 % des femmes atteintes de cancer du sein voient leur vie sexuelle affectée.
- Les traitements tels que l’hormonothérapie, la chimiothérapie et la radiothérapie peuvent entraîner des troubles intimes et psychologiques.
- Des solutions médicales et psychologiques existent pour aider les patientes à retrouver leur bien-être sexuel.
Les effets des traitements sur la vie intime
Les traitements du cancer du sein affectent la vie sexuelle de manière concrète, impactant des éléments tels que les hormones, la sensibilité corporelle et même la réponse physiologique au plaisir. Cette réaction peut se traduire par des sensations de sécheresse vaginale, une baisse de la libido et des douleurs lors des rapports. La situation est d’autant plus préoccupante pour les femmes ayant reçu une hormonothérapie, qui peut provoquer divers effets indésirables.
L’hormonothérapie
Le traitement le plus couramment prescrit après chirurgie, en fonction du type de tumeur, est l’hormonothérapie. Cette dernière vise à bloquer l’action des œstrogènes par la prise d’anti-œstrogènes ou d’inhibiteurs de l’aromatase, selon que la patiente soit ménopausée ou non. Parmi les effets notables, on trouve :
- Sécheresse vaginale (affectant près de 78 % des femmes),
- Baisse de la lubrification naturelle,
- Douleurs lors des rapports (dyspareunie),
- Troubles de l’orgasme (disparition ou moindre intensité),
- Réduction de la sensibilité génitale,
- Baisse de l’excitation et de la libido (69 % des femmes).
Chimiothérapie et ménopause brutale
La chimiothérapie peut induire une ménopause iatrogène, caractérisée par une chute soudaine des hormones et des symptômes tels que les bouffées de chaleur. Ces chamboulements hormonaux altèrent non seulement la libido mais également la réponse sexuelle dans son ensemble.
Chirurgie et radiothérapie
La chirurgie, notamment la mastectomie, modifie la sensibilité des seins, souvent perçue par les patientes comme un “vide sensoriel”. La radiothérapie, quant à elle, peut provoquer des irritations cutanées et de la fatigue, ce qui constitue un frein supplémentaire au désir.
Les impacts psychologiques de la maladie
Le vécu des patientes va bien au-delà des effets physiques des traitements. En raison des angoisses relatives à leur santé, beaucoup de femmes éprouvent une absence de désir, souvent prolongée. Ce manque d’envie peut perdurer longtemps après la guérison, influençant donc profondément leur identité et leur rapport à leur corps.
Image corporelle et rapports de couple
Des changements dans l’image corporelle surviennent souvent après un traitement. Que ce soit par une ablation ou une cicatrice, ces transformations peuvent nuire à la confiance en soi et rendre l’intimité difficile. Les relations de couple peuvent également souffrir. Certaines femmes rapportent un éloignement émotionnel de leur partenaire, tandis que d’autres constatent une plus grande présence de leur conjoint.
La communication est primordiale. La docteure Andreea Matefi souligne que les couples qui parviennent à aborder ces sujets délicats retrouvent souvent une sexualité plus riche et complice. En effet, chaque épreuve peut aussi être une opportunité de renouveau, incitant certaines patientes à redéfinir leur rapport à leur corps.
Rétablissement et solutions
Après les traitements, beaucoup de femmes s’interrogent sur la persistance de leurs troubles. La bonne nouvelle, c’est qu’avec un accompagnement adapté, une majorité d’entre elles parvient à retrouver une sexualité satisfaisante, même si elle prend parfois une forme différente de celle d’avant la maladie.
Des interventions telles que les lubrifiants, les hydratants vaginaux, ainsi que des traitements hormonaux locaux sont disponibles pour aider à surmonter ces difficultés. Parallèlement, il peut être bénéfique de consulter des spécialistes, ce qui permet d’ouvrir la discussion sur ces enjeux encore trop souvent tabous.
Il est crucial de rappeler que la sexualité fait partie intégrante de la santé. Le dialogue entre patientes et professionnels de santé doit être encouragé, permettant ainsi d’unlever les nombreux parts de honte et de silence qui entourent cette problématique.