
Le cancer du sein reste un enjeu majeur de santé publique, avec une incidence alarmante : une femme sur huit sera touchée par cette maladie au cours de sa vie. Parmi les diverses formes existantes, le carcinome lobulaire est souvent moins connu du grand public, bien qu’il représente entre 10 et 15 % des cancers du sein. Pour mieux comprendre ce type de cancer, ses symptômes, et les voies de traitement possibles, nous avons sollicité l’expertise de la Dre Barbara Pistilli, oncologue médicale et responsable de l’unité de pathologie mammaire à l’Institut Gustave Roussy.
EN BREF
- Le carcinome lobulaire, cancer du sein fréquent, représente 10 à 15 % des cas.
- Il est essentiel de rester vigilant face aux symptômes subtils, car le diagnostic peut être complexe.
- Les traitements sont généralement similaires à ceux du carcinome canalaire, mais nécessitent une approche personnalisée.
Définition : qu’est-ce qu’un carcinome lobulaire ?
Le cancer lobulaire débute dans les lobules, ces petites glandes chargées de la production de lait. Contrairement au cancer canalaire, qui se manifeste souvent par une masse palpable, le carcinome lobulaire présente une croissance diffuse et infiltrante. « Les cellules cancéreuses s’alignent souvent en file indienne, s’étendant à travers le tissu mammaire sans créer de boule clairement définie », explique la Dre Pistilli. Cette caractéristique rend le dépistage précoce assez difficile.
Différences entre cancer lobulaire et canalaire
Les distinctions entre le cancer lobulaire et son équivalent canalaire sont principalement liées à leur origine et mode de développement :
- Carcinome canalaire : provient des canaux lactifères, formant souvent une masse détectable lors des examens cliniques.
- Carcinome lobulaire : se développe dans les lobules, souvent sans être palpé ni détecté lors des examens habituels.
Quels sont les symptômes du cancer du sein lobulaire ?
Le carcinome lobulaire peut demeurer discret longtemps, rendant ainsi l’identification de ses symptômes difficile. Les signaux à surveiller incluent :
- Asymétrie entre les seins ;
- Rétraction ou inversion du mamelon ;
- Changements de texture de la peau ou du mamelon ;
- Douleurs légères ou gêne diffuse (moins fréquentes) ;
- Une zone plus ferme ou légèrement épaissie.
Il est essentiel de rester attentif à tout changement au niveau de la poitrine, car cette forme de cancer peut passer inaperçue.
Pourquoi le diagnostic est-il plus complexe ?
Le diagnostic du cancer lobulaire est souvent un défi. Étant donné qu’il ne forme pas de masse distincte, il peut échapper à l’œil des examens classiques :
- Mammographie : parfois insuffisante pour détecter cette forme de cancer.
- Biopsie mammaire : indispensable pour confirmer le diagnostic et analyser les caractéristiques de la tumeur.
- Échographie et IRM : nécessaires pour identifier les anomalies subtiles et visualiser l’étendue de la maladie.
Carcinome lobulaire : quelle est la gravité d’un tel cancer du sein ?
D’après la Dre Pistilli, le carcinome lobulaire n’est pas plus dangereux qu’un carcinome canalaire. Sa gravité dépend du stade de la maladie au moment du diagnostic ainsi que des caractéristiques biologiques de la tumeur.
Ce type de cancer est généralement hormono-dépendant, ce qui signifie qu’il est sensible aux traitements hormonaux, et il est souvent moins agressif que d’autres types de cancers du sein. Toutefois, sa croissance diffuse peut parfois retarder le diagnostic, compliquant ainsi la prise en charge.
Traitement du cancer du sein : comment soigner un carcinome lobulaire ?
Le traitement du carcinome lobulaire suit généralement les mêmes principes que ceux appliqués au carcinome canalaire, mais certaines variations peuvent influencer le choix de la méthode chirurgicale.
Mastectomie ou tumorectomie ?
Le type de chirurgie envisagé dépend de l’étendue de la tumeur. « Il peut être nécessaire de pratiquer une mastectomie plutôt qu’une tumorectomie, étant donné que la tumeur est souvent diffuse », précise la Dre Pistilli.
La radiothérapie
Elle est souvent recommandée après une chirurgie conservatrice pour réduire le risque de récidive locale.
L’hormonothérapie
Avec la plupart des cas de carcinomes lobulaires étant hormono-dépendants, cette thérapie est cruciale. Elle permet de bloquer l’effet des hormones qui favorisent la croissance tumorale.
Chimiothérapie et thérapies ciblées
La chimiothérapie et les thérapies ciblées peuvent être utilisées en fonction du profil biologique de la tumeur, surtout si celle-ci présente des caractéristiques plus agressives.
Pronostic et suivi médical
Le pronostic du cancer du sein lobulaire est généralement rassurant, surtout lorsqu’il est détecté tôt. Le taux de récidive est similaire à celui des autres types de cancer du sein, mais le lobulaire peut parfois toucher les deux seins, ce qui nécessite une surveillance particulière.
Dépistage et prévention : comment rester vigilante ?
Le dépistage repose sur une vigilance continue et des examens adaptés. Les femmes âgées de 50 à 74 ans sont invitées à passer des mammographies tous les deux ans. Pour celles à risque élevé, une IRM peut être nécessaire. Néanmoins, la vigilance personnelle est tout aussi essentielle. L’autopalpation régulière et l’observation des changements sont des pratiques cruciales pour assurer une détection précoce.
En conclusion, le cancer du sein lobulaire est une forme souvent méconnue mais fréquente. Son développement diffus complique le diagnostic et demande une vigilance accrue. Heureusement, grâce à un dépistage rigoureux et à des avancées dans le traitement, le pronostic est encourageant, particulièrement lorsqu’il est détecté au début. À ce sujet, la Dre Pistilli rappelle que « mieux connu et pris en charge, le lobulaire n’est plus une fatalité. L’information, la vigilance et le suivi sont des alliés précieux ».