
La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a lancé une série de conférencessur la souveraineté alimentaire, ce lundi, depuis le marché de Rungis. Cet événement, cependant, est vivement critiqué par les syndicats qui le considèrent comme un simple coup de communication.
EN BREF
- Annie Genevard lance des conférences sur la souveraineté alimentaire, appelant à l’action.
- Des syndicats, notamment la FNSEA, critiquent cet événement comme étant principalement symbolique.
- Le secteur agricole français demeure en crise, avec des mobilisations prévues contre la politique actuelle.
Dans un contexte où la France agricole se trouve affaiblie, Annie Genevard a appelé l’ensemble des acteurs de la chaîne alimentaire à « agir » face à ce qu’elle qualifie de « guerre agricole » qui se prépare. Elle a annoncé le lancement de « conférencessur la souveraineté alimentaire », visant à définir une stratégie nationale agricole sur une durée de dix ans.
« La guerre agricole menace chaque jour un peu plus, et il est temps d’agir », a-t-elle déclaré, évoquant des problématiques mondiales comme le conflit en Ukraine, les politiques douanières américaines ou les taxes frappant les produits chinois. Ces éléments, dit-elle, disséminent « l’illusion » d’une paix prospère durable. Ce discours, prononcé depuis le célèbre marché de Rungis, invite à un « grand réveil alimentaire ».
La ministre a également évoqué des données frappantes : depuis 2014, le financement de la politique agricole et alimentaire de la Chine a augmenté de 40%, celui des États-Unis de 86%, tandis que celui de la Russie a crû de 15%. En revanche, l’Union européenne a enregistré un recul de 19%. Pour Genevard, cette situation représente une « erreur historique » à qu’il faut réagir pour ne pas sombrer dans le déclin.
La FNSEA dénonce un coup de communication
Ce lancement à Rungis a été accueilli positivement par certains acteurs industriels et de la distribution, ainsi que par des coopératives agricoles. Néanmoins, il a été largement rejeté par les syndicats agricoles. La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) a choisi de boycotter cette inauguration, la considérant comme une « opération de communication » plus qu’un acte politique sérieux.
Malgré la participation de la FNSEA aux conférences, prévue pour se dérouler sur plusieurs mois et par filières de production, le syndicat a clairement exprimé son mécontentement vis-à-vis de la situation actuelle { essayant de récupérer un discours qui a déjà été largement mobilisé par Emmanuel Macron en 2017, qui prônait une stratégie de montée en gamme. Cette vision se heurte aujourd’hui à la réalité de l’inflation et d’une concurrence exacerbée sur les marchés.
La colère gronde toujours dans les campagnes
Huit ans après, l’ambiance demeure morose au sein du secteur agricole. Les crises sanitaires touchant l’élevage et la chute des prix ont contribué à garder le monde agricole en état d’alerte. Après deux hivers de tensions croissantes, la mobilisation se renforce, notamment sous l’égide de la Confédération paysanne et de la Coordination rurale. Ces organisations s’opposent à la politique d’abattage systématique des bovins atteints de dermatose.
De son côté, la FNSEA organise une manifestation prévue le 18 décembre à Bruxelles, prenant position contre l’accord de libre-échange UE-Mercosur et s’opposant à la mise en place d’une taxe carbone aux frontières, qui affecterait les engrais. La situation dans les campagnes françaises nécessite une attention urgente et une réponse adaptée à l’échelle nationale, tant sur le plan politique qu’économique.

