María Corina Machado, lauréate du Nobel de la paix 2025 : “Chávez et Maduro ont plongé le Venezuela dans la tyrannie

  • octobre 13, 2025
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Le prix Nobel de la paix a été attribué vendredi à la cheffe de l’opposition vénézuélienne María Corina Machado en reconnaissance de ses efforts “en faveur d’une transition juste et pacifique de la dictature à la démocratie”. Jørgen Watne Frydnes, le président du comité Nobel norvégien, a souligné son rôle marquant en disant que Machado est l’un des exemples les plus extraordinaires de courage civique en Amérique latine ces dernières années. En 2023, L’Express l’avait rencontrée pour discuter de la situation politique actuelle au Venezuela.

EN BREF

  • Maria Corina Machado a reçu le prix Nobel pour son engagement contre la dictature au Venezuela.
  • Cette ingéniosité politique est marquée par un mouvement populaire face à la corruption de l’État.
  • Les élections primaires de l’opposition sont programmées pour le 22 octobre 2023.

María Corina Machado, figure emblématique du Venezuela, a été traquée par le régime de Nicolás Maduro depuis des années. Opposante déterminée, elle a été l’une des premières à résister à l’héritage chaotique de Hugo Chávez et à son successeur Maduro, qui ont plongé le pays dans une tyrannie profonde. Son parcours est celui d’une combattante du peuple, soutenue par un mouvement populaire inédit, constitué notamment des classes ouvrières, avides de mettre un terme à la corruption et à la violence d’un régime qui n’hésite pas à emprisonner, torturer, et affamer ses habitants, ou encore à les pousser à l’exil.

Si les élections étaient menées de manière libre et transparente, la candidature de María Corina à la présidentielle de 2024, dont la date reste à confirmer, ne souffrirait d’aucun doute. Sa popularité est telle qu’elle semble en mesure d’éclipser l’impopularité évidente du président Maduro.

Dans un contexte où le régime s’emploie à perturber ses adversaires, la candidate du mouvement Vente (ou “Viens !”) a parcouru le pays pendant des années en véhicule, car elle est contrainte de rester au sol, interdite de vol. Ce 22 octobre, elle est attendue pour les primaires de l’opposition, où elle fait figure de favorite parmi les douze candidats.

Dans une interview accordée à L’Express, qui sera diffusée en plusieurs parties, María Corina a notamment commenté les relations étranges entre le Venezuela et l’Iran, et comment des groupes comme le Hezbollah ont réussi à s’immiscer dans les affaires du pays, transformant celui-ci en plateforme d’influence contre les États-Unis.

Concernant la déclaration controversée de Maduro, qui a fait référence à Jésus-Christ en prétendant qu’il était un Palestinien, María Corina s’élève fermement :

María Corina Machado : “Cette affirmation lamentable ne mérite pas d’être analysée. Elle ne représente en aucun cas le sentiment des Vénézuéliens.”

Elle souligne que le peuple vénézuélien rejette toute forme de violence et a pleinement conscience des souffrances subies par les Palestiniens, dans un contexte où le gouvernement de Maduro reste sourd aux atrocités commises, tel que le massacre du 7 octobre.

Au cœur de cette lutte, la forte relation entre le Venezuela et l’Iran, et l’ascendant historique de Cuba sur ces deux nations se doivent d’être soulignés. Hugo Chávez, sous l’influence cubaine, avait établi des liens étroits à Téhéran, renforçant le soutien à des groupes comme le Hezbollah. Cette connexion est décrite par María Corina comme un axe stratégique contre les intérêts américains, alors que le régime chaviste trouve intérêt à faciliter l’entrée de différents groupes parallèles, profitant des failles d’un système qui lui est à la fois protecteur et complice.

Il convient également de noter que l’exode massif de Vénézuéliens, évalué à un quart de la population, a été orchestré par le régime lui-même. Cette stratégie vise à se débarrasser de ceux qui pourraient représenter une menace, tout en provoquant une crise d’ampleur dans d’autres nations, notamment les États-Unis.

La alimentaires et les besoins essentiels sont devenus des leviers de contrôle pour un régime, qui cherche à maintenir sa mainmise sur les citoyens. Les méthodes de coercition, telles que les menaces de retirer le précieux carnet de rationnement, battent en brèche toute tentative d’expression démocratique

Face à cette adversité croissante, les sentiments des Vénézuéliens sont en train d’évoluer. Les gens commencent à se libérer de la peur et le mouvement populaire prend de l’ampleur. María Corina note un véritable changement dans l’impact social de son discours : “Au début de l’année, la société semblait éteinte. Aujourd’hui, c’est un mouvement qui embrase le pays.”

Elle observe que le chavisme, désormais en déroute, a perdu une grande partie de son soutien populaire. De nombreux anciens alliés au sein du système privilégient même des discussions avec l’opposition.

Dans un pays où la corruption règne après plus de deux décennies de pouvoir chaviste, le défi à venir pour María Corina et son équipe sera immense. Néanmoins, elle reste optimiste face à l’élection des primaires de l’opposition prévue dans quelques jours, perçue comme une opportunité décisive de changement permettant d’initier un mouvement de transition vers une démocratie tant attendue.

Si elle est amenée à gouverner après 2024, son ambition claire est de restaurer les institutions fondamentales, de répondre à l’urgence humanitaire sans précédent et de doter le pays d’une gouvernance transparente capable d’attirer les investissements étrangers.

Le chemin qui reste à parcourir pour tout un peuple est semé d’embûches, mais l’espoir d’un renouveau est plus que jamais présent.