« On n’est pas autiste » : la politique, un frein à la lutte contre la stigmatisation du handicap

  • octobre 17, 2025
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Le ministre du Travail et des Solidarités, Jean-Pierre Farandou, a récemment fait l’objet de critiques vives suite à une déclaration jugée inappropriée. Il a exprimé des regrets sur les réseaux sociaux, indiquant : « En utilisant le terme d’autiste, mes propos ont blessé et ce n’était pas mon intention. J’en suis sincèrement désolé et je présente mes excuses ». Cependant, cette controverse a mis en lumière des questions plus larges concernant l’usage des termes relatifs aux troubles psychiques et neurodéveloppementaux.

EN BREF

  • Jean-Pierre Farandou présente des excuses après des propos inappropriés sur l’autisme.
  • Des élus et des associations critiquent l’utilisation de termes stigmatisants concernant les troubles psychiques.
  • Une campagne nationale de sensibilisation pour l’autisme est demandée pour corriger des perceptions erronées.

La réaction immédiate à ses mots a été forte, plusieurs élus de gauche ainsi que des associations de défense des droits des personnes handicapées ont rapidement exprimé leur indignation. La députée écologiste Marie-Charlotte Garin a déclaré :

« Ces mots blessent, stigmatisent, perpétuent des clichés et participent à l’exclusion des personnes autistes, c’est du validisme »

. S’ajoutant à cela, Sébastien Peytavie, député de la France Insoumise, a souligné l’impact des paroles d’un ministre des Solidarités, affirmant :

« L’autisme n’est ni un défaut ni une insulte. Les mots comptent »

.

Le docteur Hugo Baup, psychiatre, a également fait part de ses constatations, affirmant que de tels propos sont fréquents dans le discours public.

« C’est tous les mois qu’il y a des sorties comme ça, que ce soit par des politiciens ou des journalistes sur les plateaux télé »

, a-t-il déploré. Cela soulève la question de la responsabilité des figures publiques dans la lutte contre la stigmatisation des troubles psychiques.

Un discours biaisé et ses conséquences

Le ministre Farandou, en insinuant que l’autisme implique une incapacité d’écoute et de compréhension, a véhiculé une image erronée de ce trouble, qui en réalité englobe une variété de manifestations. Celles-ci peuvent inclure des difficultés à passer d’une activité à l’autre, ou une attention excessive aux détails, qui ne sont pas des signes d’incapacité mais bien des expressions de la diversité humaine.

La schizophrénie, souvent mal interprétée, est également souvent utilisée dans le discours politique de manière dévalorisante. Le président de l’organisme PositiveMinders, Jean-Christophe Leroy, rappelle :

« Les politiciens utilisent le mot en général pour exprimer l’idée d’un dédoublement de personnalité. Alors qu’en fait, il s’agit de la difficulté à percevoir correctement la réalité »

. Cette mécompréhension contribue à la peur et au rejet des personnes souffrant de ces troubles.

Appel à une sensibilisation accrue

Face à cette situation, Hugo Baup a lancé en février 2024 une pétition demandant l’arrêt de l’utilisation de ces termes dans un contexte péjoratif. À ce jour, plus de 40 000 signatures ont été recueillies. Il demande une approche plus respectueuse du langage utilisé par les politiciens et les journalistes, affirmant :

« Je demande que les politiciens utilisent le reste du dictionnaire, qui est largement assez riche »

.

Alors que le gouvernement a déclaré la santé mentale comme « grande cause nationale » pour l’année 2025, il est crucial qu’une sensibilisation effective soit mise en œuvre. Les experts estiment que la très grande majorité de la société, notamment les plus jeunes, commence à adopter une vision plus réaliste et empathique des troubles psychiques. Danièle Langloys, présidente d’Autisme France, appelle de son côté à « une campagne nationale de sensibilisation à l’autisme », déplorant le retard pris par la France dans cette lutte essentielle.

Les mots ont un pouvoir immense. Ils peuvent guérir, tout autant qu’ils peuvent blesser. Dans un contexte où la parole des décideurs porte un poids significatif, il est impératif que celle-ci soit empreinte de respect et de compréhension, pour que chacun trouve sa place dans notre société.