Quatre Moldaves jugés à Paris en février pour des tags de cercueils liés à l’Ukraine

  • octobre 15, 2025
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Quatre hommes, originaires de Moldavie, sont sous le coup d’un procès prévu le 23 février prochain devant le tribunal correctionnel de Paris. Ils sont accusés d’avoir réalisé, en juin 2024, une série de tags représentant des cercueils, accompagnés d’inscriptions évoquant le conflit ukrainien. Cette initiative a été qualifiée par la justice française de “démarche visant à démoraliser l’armée”.

EN BREF

  • Quatre Moldaves seront jugés pour des tags pro-ukrainiens à Paris.
  • Ils encourent jusqu’à cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende.
  • Les actions s’inscrivent dans un contexte de tensions politiques accrues en Europe.

Ce dossier s’inscrit dans un ensemble d’affaires récentes liées à des ingérences étrangères en France. La procureure de Paris, Laure Beccuau, a insisté sur le fait que ces actes visent à “semé le trouble” et “créer des fractures” dans la société française. D’autres cas notables incluent des étoiles de David taguées en région parisienne ainsi que des inscriptions violentes sur le mémorial de la Shoah.

Les quatre hommes, âgés entre 30 et 50 ans, sont également accusés de dégradation légère d’un bien par inscription commise en réunion. Comme le souligne le magistrat instructeur, le délit de démoralisation de l’armée de la défense nationale, en temps de paix, est un crime sérieux qui peut entraîner une peine de cinq ans d’emprisonnement.

Une opération orchestrée

Les événements se sont précisés les 18 et 20 juin 2024, lorsque des policiers ont intercepté un homme en train de taguer un mur à l’aide d’une bombe de peinture rouge. Non loin, un complice montait la garde. Les inscriptions retrouvées sur des bâtiments emblématiques, comme ceux de l’AFP et du Figaro, étaient à fort impact émotionnel. L’un des messages affichait : “Stop the death now ! Mriya Ukraine”.

Les deux Moldaves impliqués dans ces actes ont affirmé avoir été rémunérés 100 euros par jour pour exécuter ces tags. Leur enquête a révélé qu’un tiers homme, présent à Paris, les avait recrutés en tant que chef d’équipe, leur dictant les endroits à cibler.

Au fil de l’enquête, une quatrième personne, Alexandr Grigorenco, a été identifiée comme le donneur d’ordres. Cet individu, connu pour son soutien au parti prorusse SOR, aurait antérieurement commandité des actions similaires. La situation a suscité l’inquiétude jusqu’au sein des autorités moldaves.

Le ministre moldave des Affaires étrangères, Mihai Popsoi, a publiquement condamné ces “tactiques hybrides de la Russie”, insistant sur le fait qu’elles impliquent des ressortissants moldaves dans des actes de vandalisme et de propagande haineuse.

Effectivité du délit et ses implications

Ces tags ont été réalisés dans un contexte de conflit armé entre la Russie et l’Ukraine. La France, en tant que soutien de l’Ukraine, fournit notamment des avions de chasse Mirage-2000 à Kiev. Selon le magistrat instructeur, ces actions ne peuvent être considérées autrement que comme une menace, visant à avoir un impact médiatique substantiel pour démoraliser l’armée de l’air française.

Les avocats des deux hommes, Louis Gloria et Emanuel de Dinechin, ont dénoncé cette qualification de démoralisation, arguant qu’elle viole la liberté d’expression et que la notion de moral de l’armée est hautement subjective, rendant l’infraction difficile à évaluer objectivement.

Ils ont d’ailleurs remarqué que cette infraction n’avait pas été utilisée depuis la guerre d’Algérie. En janvier 2025, le Conseil constitutionnel a toutefois confirmé la conformité de la loi avec la Constitution.

Les deux Moldaves arrêtés ont été placés sous contrôle judiciaire en octobre 2024, tandis que le chef de l’opération et le donneur d’ordres sont actuellement sous le coup de mandats d’arrêt.

Ce procès soulève d’importantes interrogations sur les limites de la liberté d’expression, surtout alors que le climat politique et social devient de plus en plus polarisé dans la région, tant sur le plan national qu’international.