Un sommeil de mauvaise qualité favoriserait un vieillissement cérébral accéléré, selon une étude

  • octobre 13, 2025
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Près d’un tiers de notre vie est consacré au sommeil, un processus bien plus complexe et vital qu’une simple période d’inactivité. Il joue en effet un rôle essentiel dans la restauration de notre corps et la protection de notre cerveau. Un sommeil perturbé peut engendrer des conséquences sur le long terme, tant pour notre santé physique que mentale, souvent subtiles, mais cumulatives.

Récemment, une étude dirigée par une équipe de chercheurs s’est penchée sur les habitudes de sommeil de plus de 27 000 adultes britanniques âgés de 40 à 70 ans. Les résultats montrent que ceux qui présentent un sommeil de mauvaise qualité affichent un cerveau qui semble significativement plus âgé que leur âge réel.

EN BREF

  • Un mauvais sommeil peut entraîner un vieillissement cérébral accéléré.
  • L’étude implique plus de 27 000 adultes britanniques et révèle une forte corrélation entre la qualité du sommeil et l’âge cérébral.
  • Des améliorations des habitudes de sommeil peuvent préserver la santé cérébrale à long terme.

Mais qu’est-ce que signifie qu’un cerveau puisse « paraître plus vieux » ? Étonnamment, bien que nous vieillissions tous de manière chronologique, notre horloge biologique fonctionne de manière unique. Grâce aux avancées récentes en imagerie cérébrale et en intelligence artificielle, il est désormais possible d’estimer l’« âge cérébral » à partir d’IRM, en analysant divers éléments tels que la perte de tissu cérébral et l’amincissement du cortex.

L’âge cérébral dans cette étude a été déterminé par l’analyse de plus de 1 000 marqueurs d’imagerie. Les chercheurs ont d’abord entraîné un modèle d’apprentissage automatique basé sur les IRM de participants considérés en bonne santé : ceux dont le cerveau correspondait le mieux à leur âge chronologique. Une fois ce modèle créé, il a été appliqué à l’ensemble de la cohorte.

Un âge cérébral supérieur à l’âge réel peut indiquer un vieillissement pathologique. Des études antérieures ont déjà établi des liens entre un cerveau en apparence plus âgé et un déclin cognitif accru, un risque plus élevé de démence, et même une mortalité prématurée.

Dans cette étude, cinq aspects du sommeil ont été étudiés à travers les témoignages des participants : leur chronotype (matinal ou nocturne), la durée de sommeil, la présence d’insomnie, le ronflement et la somnolence diurne excessive. Chacun de ces facteurs peut interagir les uns avec les autres, rendant l’évaluation de la qualité du sommeil encore plus délicate.

Pour établir un « score de sommeil sain », les chercheurs ont regroupé les participants en trois catégories : ceux avec quatre ou cinq comportements sains (groupe au sommeil « sain »), ceux ayant deux ou trois comportements sains (groupe « intermédiaire ») et ceux présentant peu ou pas de bonnes habitudes (groupe « médiocre »).

Les résultats indiquent clairement que pour chaque point perdu au score de sommeil, l’écart entre l’âge cérébral et l’âge chronologique augmentait d’environ six mois. En moyenne, ceux souffrant d’un sommeil médiocre avaient un cerveau semblant un an plus vieux, alors que ceux ayant un sommeil de qualité n’affichaient pas de tel écart.

En analysant spécifiquement chaque paramètre, il a été constaté que le chronotype tardif et une durée de sommeil insuffisante sont les principaux contributeurs à un vieillissement cérébral accéléré.

Un an d’écart peut sembler faible, mais dans le domaine de la santé cérébrale, cela peut avoir des répercussions significatives. Des variations mineures dans le vieillissement cérébral peuvent augmenter le risque de déclin cognitif, de démence et d’autres troubles neurologiques à long terme.

Heureusement, il est possible d’améliorer ses habitudes de sommeil. Bien que tous les troubles du sommeil ne soient pas faciles à traiter, certaines stratégies simples peuvent significativement améliorer la qualité du sommeil : maintenir un horaire de coucher régulier, limiter la consommation de caféine, d’alcool et réduire l’utilisation des écrans avant le coucher, tout en favorisant un environnement propice au sommeil, calme et sombre.

Une seconde piste de recherche pourrait s’intéresser à l’inflammation. Il a été démontré que les troubles du sommeil augmentent les niveaux d’inflammation dans l’organisme, ce qui nuit au cerveau. En analysant des échantillons sanguins, les chercheurs ont constaté que l’inflammation pourrait expliquer environ 10 % du lien observé entre les habitudes de sommeil et le vieillissement cérébral.

Une autre possibilité concerne le système glymphatique, qui joue un rôle clé dans le nettoyage des déchets cérébraux pendant le sommeil. Si celui-ci est perturbé, ce système ne fonctionne pas de manière optimale, laissant des substances nocives s’amasser.

Cette étude, l’une des plus complètes à ce jour, démontre non seulement que la qualité du sommeil influence le déclin cognitif, mais aussi qu’elle est liée à un cerveau qui apparaît plus âgé, en partie à cause de l’inflammation. Alors, pour préserver notre santé cérébrale, il devient impératif de faire du sommeil une priorité.