Le discours autour de la guérison du cancer demeure complexe et ambigu, suscitant souvent des hésitations de la part des médecins. Au cœur du débat, la distinction entre les termes de rémission et de guérison règne en maître. Pour de nombreux praticiens, parler de guérison, surtout dans le contexte d’un cancer, ressemble à naviguer en eaux troubles, tant la définition de ce terme varie et manque de clarté officielle.
EN BREF
- La guérison du cancer est souvent confondue avec la rémission.
- Une étude récente définit la guérison du cancer du côlon comme un risque de rechute inférieur à 0,5 % après six ans.
- Cette définition vise à améliorer la communication entre médecins et patients.
Pour comprendre cette question, il est généralement admis qu’une personne ayant lutté contre un cancer peut être considérée comme guérie lorsqu’aucune trace de la maladie ne subsiste. Par ailleurs, ce statut implique aussi que les chances de développer un nouveau cancer soient comparables à celles de la population générale.
Désireux de poser une base claire pour définir la guérison, notamment pour les patients atteints de cancer du côlon, des chercheurs ont récemment mené une analyse collective. Leurs résultats ont été publiés dans le célèbre JAMA, apportant ainsi un éclairage nouveau sur les attentes de guérison.
Un risque de rechute minime à partir de six ans post-chirurgie
Cette étude a inclus 35 123 patients diagnostiqués avec un cancer du côlon de stade II à III, tous ayant été soumis à une chirurgie suivie d’une chimiothérapie adjuvante. Les patients, recrutés au sein de 15 essais cliniques entre 1996 et 2015, présentent un âge moyen de 60,2 ans, avec une majorité d’hommes à 54,9 %. Au terme de diverses observations, 9 587 de ces patients (soit 27,2 %) ont connu une récidive, qu’elle soit locale ou distante, durant le suivi.
Les résultats ont révélé des tendances intéressantes concernant le risque de récidive. Ce risque a atteint un pic de 6,4 % entre le sixième et le douzième mois suivant le traitement, avant de diminuer progressivement. Ainsi, après la sixième année, le risque de rechute n’a jamais excédé 0,5 %.
Les chercheurs ont conclu qu’un risque de rechute inférieur à 0,5 % après six ans constituait une définition opérationnelle de la guérison pour les cancers du côlon de stade II à III. En d’autres termes, un patient ayant passé un minimum de six ans sans rechute post-chirurgie pourrait être officiellement considéré comme guéri de son cancer.
A cette lumière, les scientifiques avancent que l’adoption de cette définition pourrait non seulement améliorer la communication avec les patients, mais également ajuster la durée des suivis médicaux, limitant ainsi les surveillances à long terme souvent anxiogènes.
Le parcours de guérison d’un cancer, surtout du côlon, est un sujet à la fois sensible et crucial. Alors que des avancées demeurent à faire, cette nouvelle définition pourrait apporter un soulagement légitime à de nombreux survivants, leur permettant d’envisager l’avenir avec un regard plus serein et une moindre incertitude. Pour les patients, une telle clarification pourrait symboliser plus qu’un état de santé : elle pourrait offrir l’espoir d’une vie pleinement renouvelée.